Les Mozambicains votaient mercredi aux élections législatives et présidentielle, un test pour le pouvoir assuré de placer son candidat Filipe Nyusi à la présidence, mais qui devra composer avec la soif de changement manifestée pendant la campagne par la population lassée de la pauvreté.

La plupart des urnes ont ouvert comme prévu à 7 h (1 h à Montréal). De longues files d'attente se sont formées par endroits en raison de la lenteur des opérations de vote, de retards ou de difficultés à trouver les registres.

Aucun observateur n'était joignable à la mi-journée pour estimer la participation.

Choisi en début d'année par le Frelimo, aux commandes de l'État et de pans entiers de l'économie depuis l'indépendance en 1975, M. Nyusi, 55 ans, devrait devenir le prochain président du Mozambique et gérer la transition vers la production gazière.

De gigantesques gisements marins ont été découverts au nord qui pourraient propulser le Mozambique au quatrième rang mondial s'ils sont commercialement viables.

«Je suis sûr de la victoire», a déclaré M. Nyusi en mettant son bulletin dans l'urne.

M. Nyusi, dont les observateurs s'attendent à ce qu'il soit moins bien élu que le sortant Armando Guebuza, réélu en 2009 avec 75 % des voix, devra dans l'immédiat composer avec une opposition plus remuante que jamais, avec l'ex-guérilla Renamo qui fait mouche auprès des jeunes, et un parti récent, le MDM.

«Je veux du changement. Je veux voir du développement. On a besoin d'emplois, de nouvelles écoles», expliquait un électeur pour la première fois aux urnes Otavio do Santos, dans un bureau de vote d'un quartier pauvre de Maputo, Xipamanine.

«On veut du changement. On veut choisir un nouveau dirigeant, un jeune», expliquait une autre jeune électrice Erisma Invasse, venue voter à l'école secondaire de Polana. «On veut des idées neuves», a renchéri son ami Raina Muaria.

Guérilla larvée

La grande majorité des 25 millions d'habitants vit dans le dénuement, même quand ils sont titulaires d'un diplôme et dépendent des maigres ressources d'une agriculture vivrière, alors que les loyers flambent pour les nouveaux riches de la capitale Maputo.

Malgré ça, beaucoup ont avoué qu'ils continuaient de voter pour le Frelimo.

«Peut-être qu'ils ne vont rien changer pour nous... mais c'est mon parti et on ne peut pas changer de mère, n'est-ce pas?», confiait à l'AFP Amelia Makave, une autre électrice de Xipamanine.

Le scrutin intervient après deux ans d'une escalade des tensions entre le parti État et l'opposition de la Renamo, dont le chef Afonso Dhlakama a repris le maquis fin 2012, orchestrant une guérilla larvée qui a fait des dizaines de morts.

De nombreuses armes restent en circulation dans cette ancienne colonie portugaise, meurtrie par 16 années de guerre civile (1976-1992) et les observateurs s'inquiètent de la solidité du cessez-le-feu signé in extremis début septembre par Dhlakama, sorti de la clandestinité.

«Nous espérons pour la première fois que les résultats au Mozambique seront acceptables, propres et crédibles. J'y crois», a déclaré le vieux guérillero de 61 ans, qui a contraint le gouvernement à modifier la législation électorale.

Candidat à la présidentielle pour la cinquième fois, il a mené une campagne express très populaire.

Le pouvoir s'est montré accommodant avec lui, l'autorisant à voter dans la capitale Maputo alors qu'il était caché en brousse jusqu'en septembre.

Le scrutin pourrait changer la donne politique si un troisième parti, le MDM, parvient à confirmer sa percée aux municipales 2013 avec Daviz Simango, 50 ans, maire depuis dix ans de la deuxième ville du pays, Beira, et candidat présidentiel pour la première fois.

Le MDM a huit sièges au Parlement sortant, contre 191 au Frelimo et 51 pour la Renamo.

Dans une interview à l'AFP, M. Simango a mis en garde contre les risques de violences au moment de la proclamation des résultats, s'inquiétant de la réaction des deux grands partis en cas de défaite.