Dix migrants africains sont morts et des dizaines d'autres ont disparu en mer au large des côtes libyennes, dans un nouveau drame de l'immigration clandestine au départ d'un pays agité par les violences et l'anarchie.

Ce naufrage s'ajoute à des dizaines d'autres qui ont fait au moins 2200 morts au cours des trois derniers mois, selon des chiffres du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) publiés jeudi.

La marine libyenne a secouru jeudi entre 80 et 90 personnes parmi les quelque 170 à 180 qui seraient montées à bord de l'embarcation ayant fait naufrage, a indiqué un officier des gardes-côtes libyens. Dix corps ont été repêchés.

Le bateau s'est retourné à trois miles des côtes, au large de la localité de Guarabouli, située à 60 km à l'est de Tripoli.

L'officier des gardes-côtes n'a pas été en mesure de donner des précisions sur les nationalités des victimes et des survivants.

Un photographe de l'AFP a vu des dizaines de rescapés originaires d'Afrique noire assis à même la terre dans le port de Guarabouli, tandis que les gardes-côtes fournissaient des soins médicaux à certains d'entre eux, visiblement épuisés et déshydratés.

La Libye est un pays de transit vers les côtes européennes pour des centaines de milliers de migrants essentiellement africains.

Parvenus sur les côtes libyennes, ils s'entassent dans des embarcations de fortune pour tenter la périlleuse traversée de la Méditerranée vers Malte ou l'île italienne de Lampedusa, au sud de la Sicile.

L'année la plus meurtrière

Profitant du relâchement de la surveillance des côtes de la Libye, pays plongé dans le chaos et où le gouvernement n'exerce qu'une autorité théorique, les passeurs se font nombreux pour proposer aux migrants la traversée de la Méditerranée.

Ils perçoivent d'importantes sommes d'argent des candidats à l'immigration avant de les livrer à la mer sur des embarcations souvent totalement inadaptées, parfois de simples canoés gonflables.

Les départs s'effectuent notamment des plages de Guarabouli ainsi que de Zouara, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, près de la frontière tunisienne.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé lundi que 2014 était «l'année la plus meurtrière», loin devant le pic de 2011 lorsque 1500 décès avaient été enregistrés.

Depuis le début de l'année, l'OIM a en effet enregistré la mort de 4077 migrants irréguliers dans le monde, dont les trois quarts - 3072 - en Méditerranée.

Depuis 20 ans, traverser la Méditerranée constitue ainsi le périple le plus mortel pour les migrants irréguliers, selon cette organisation internationale basée à Genève.

L'immensité du territoire libyen, avec plus de 5000 km de frontières terrestres et environ 2000 km de frontières maritimes, rend difficiles et coûteux les efforts des autorités libyennes en matière de sauvetage, d'hébergement et de rapatriement des clandestins, d'autant plus qu'elles ne sont déjà pas capables d'assurer la sécurité de leurs propres habitants.

Depuis des années et avant même la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, Tripoli n'a cessé de demander l'aide de l'Europe pour tenter d'arrêter le flux des immigrés.

Les gardes-côtes libyens se plaignent par ailleurs du manque de moyens financiers et matériels pour mener des opérations de surveillance ou de sauvetage, en particulier en haute mer.

Le HCR a appelé jeudi les pays européens à déployer davantage de moyens et de ressources pour le sauvetage des migrants en Méditerranée, à la veille de la commémoration par l'Italie du premier anniversaire du naufrage d'un bateau d'Africains au large de Lampedusa, qui avait fait au moins 366 morts, dont beaucoup de femmes et d'enfants.