Le gouvernement sud-soudanais a assuré mercredi qu'aucun employé étranger travaillant au Soudan du Sud ne serait expulsé, semblant revenir sur une circulaire publiée la veille imposant aux entreprises et aux ONG de se séparer de leurs salariés étrangers et de les remplacer par des Sud-Soudanais.

«Le gouvernement du Soudan du Sud n'expulse aucun salarié étranger du Soudan du Sud», a assuré le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères Barnaba Marial Benjamin, soulignant toutefois qu'il «existe des lois sur le travail qui réservent certains emplois aux citoyens et d'autres à des non-citoyens» dans de nombreux pays.

Le gouvernement sud-soudanais a indiqué qu'il allait revenir sur l'interdiction tout juste faite aux entreprises et ONG d'employer des étrangers sur son sol, avait affirmé plus tôt mercredi l'ambassadeur kényan en poste à Juba dans la presse kényane.

L'ambassadeur, Cleland Leshore, a indiqué au quotidien Daily Nation avoir rencontré le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Barnaba Marial Benjamin, qui lui a assuré que la directive, qui a déclenché mardi un vent de protestations, allait être «annulée».

Selon l'ambassadeur, le Soudan du Sud n'avait «pas vraiment l'intention de chasser les étrangers travaillant» sur son sol. «Ce qu'ils veulent faire c'est demander aux entreprises de donner la priorité» aux Sud-Soudanais, a-t-il ajouté. «Ils ont dit qu'ils allaient rectifier ça mercredi».

Mardi, dans une circulaire publiée dans la presse locale, le gouvernement du Soudan du Sud, plus jeune pays du monde et aujourd'hui au bord de la famine, a sommé entreprises et ONG de remplacer, sous un mois, tous leurs employés étrangers - à des postes de responsabilité ou non - par des Sud-Soudanais.

Censée «protéger les droits et intérêts» des Sud-Soudanais, cette décision abrupte est potentiellement désastreuse pour la population, dont une importante partie dépend de l'aide humanitaire pour se nourrir : selon les Nations unies, 1,8 million de personnes ont été chassées de chez elles depuis qu'un conflit civil a éclaté mi-décembre dans le pays.

Des dizaines de milliers de travailleurs qualifiés venant d'Éthiopie, d'Ouganda, d'Érythrée, du Kenya ou du Soudan font aussi tourner les secteurs des télécommunications, des banques, de l'extraction pétrolière ou encore de l'hôtellerie.

Le Soudan du Sud souffre lui-même d'une grave pénurie de main-d'oeuvre qualifiée : un quart à peine de sa population sait lire et écrire.