Des épouses de militaires de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, ont manifesté mardi pour empêcher le départ de leurs maris mobilisés contre Boko Haram, mais qui sont, selon elles, «mal équipés» face au groupe islamiste.

Quelque 300 femmes, accompagnées de 500 enfants, se sont réunies durant deux jours aux portes d'une base militaire de la capitale de l'État de Borno, et ont notamment brûlé des pneus pour dénoncer le sous-équipement de leurs maris appelés à combattre les militants islamistes.

«Pas d'armes pour nos maris, pas de déplacement à Gwoza ou tout autre lieu dangereux. Nous sommes fatiguées d'enterrer nos êtres chers», dénonçait lundi Thabita John, expliquant que les militaires comme son époux étaient «mal équipés pour lutter contre le redoutable groupe Boko Haram».

«On donne toujours à nos maris des armes de mauvaise qualité alors que Boko Haram en possède de meilleures», renchérissait Rahina Ali, une autre femme de militaire.

Le gouvernement a rejeté ces accusations.

«Les épouses d'officiers ne sont pas des professionnelles capables d'évaluer la qualité des fusils et des armes» utilisés par leurs maris, a déclaré devant la presse à Abuja le porte-parole du gouvernement, Mike Omeri.

Les soldats de Maiduguri ont été appelés pour reprendre le contrôle de la ville de Gwoza, prise la semaine dernière par Boko Haram qui a tué des dizaines de personnes et poussé des centaines d'autres à s'enfuir.

Des survivants de l'attaque de Gwoza ont réussi à parcourir 135 km pour rejoindre Maiduguri, mais des centaines de personnes sont restées bloquées dans le massif montagneux environnant, à court de vivres.

L'état d'urgence décrété l'an dernier dans les États de Borno, Yobe et Adamawa, dans le nord-est du pays, a poussé Boko Haram à agir hors des zones urbaines.

Mais les milliers de soldats supplémentaires et les forces terrestres et aériennes n'ont pas réussi à arrêter les attaques islamistes dans des zones rurales, plus reculées.

Cette année, les assauts de Boko Haram sont quasiment quotidiens.

Les habitants de la région affirment que les militaires ne s'aventurent pas dans certains secteurs du Nord-Est où les insurgés sont apparemment mieux équipés que les soldats venus les combattre.

Les survivants racontent régulièrement comment les islamistes utilisent des armes semi-automatiques, des lance-roquettes et même des véhicules blindés.

«Nos femmes parlent pour nous. (...) Nous sommes franchement sous-équipés», a déploré un soldat sous couvert d'anonymat. «Nos armes sont médiocres et nos véhicules blindés hors d'usage».

Le groupe islamiste Boko Haram mène une insurrection sanglante depuis 2009 qui a fait des milliers de morts, en dépit de l'état d'urgence décrété par le président Goodluck Jonathan dans les trois États du nord-est depuis mai 2013 et des renforts militaires.