Des Libériens en colère manifestaient lundi à Monrovia pour protester contre la présence dans les rues de la capitale de nombreux corps, abandonnés par peur de contracter le virus Ebola, qui a fait plus de 820 morts en Afrique de l'Ouest.

Quelques dizaines de personnes bloquaient les principales artères de Monrovia, où des barricades ont surgi depuis le week-end, notamment en banlieue, selon un journaliste de l'AFP.

«Aucune voiture n'est autorisée à passer ici tant que le gouvernement ne viendra pas chercher les corps qui gisent dans les maisons depuis quatre jours», a dit à l'AFP un manifestant, Kamara Fofana, 56 ans, dans le quartier de Douala (banlieue ouest).

«Quatre personnes sont mortes dans ce quartier. Et personne ne les a inhumées parce que le gouvernement a dit que nous ne devions pas toucher les corps», a ajouté M. Fofana, indiquant que les tentatives de joindre la ligne d'assistance du ministère de la Santé avaient été vaines.

Dans le centre-ville, une autre manifestante, Miatta Myers, a raconté une expérience similaire avec le numéro vert du ministère de la Santé après avoir constaté des vomissements chez sa mère, décédée depuis.

«Cela fait cinq jours maintenant que son corps est chez nous», a expliqué Mme Myers à l'AFP.

Face à l'aggravation de l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui s'est déclarée au début de l'année en Guinée avant d'atteindre le Liberia puis la Sierra Leone, faisant plus de 820 morts dans ces trois pays au 30 juillet, la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a pris des mesures draconiennes.

La semaine dernière, elle a ordonné la fermeture de «toutes les écoles» ainsi que de «tous les marchés dans les zones frontalières».

Elle a aussi annoncé des mesures de quarantaine visant certaines localités, «dont l'accès serait limité aux personnels des services de santé».

Les autorités ont par ailleurs exhorté les populations à utiliser un numéro vert pour faire enlever tout corps suspect. Une mission confiée notamment à des militaires qui étaient visibles dans certains quartiers.

Face aux récriminations de nombreux résidents qui dénoncent le nombre de corps abandonnés dans les maisons ou les rues par des services sanitaires débordés, le vice-ministre de la Santé, Tolbert Nyensuah, a assuré que le gouvernement faisait tout pour y remédier.

«Nous avons inhumé 30 personnes dans une tombe commune en dehors de la ville» durant le week-end, a-t-il dit, indiquant que des terrains avaient été achetés à un particulier pour enterrer les victimes d'Ebola.