Le gouvernement ivoirien a lancé lundi à Abidjan un nouveau projet destiné à renforcer une meilleure traçabilité de la production de diamant brut du pays, après une levée de l'embargo qui frappait depuis 2005 ces pierres précieuses.

Le projet sur les Droits de propriété et développement du diamant artisanal (DPDDA) «vise essentiellement à augmenter le volume de diamant artisanal qui entre dans la chaine légale», a expliqué le ministre ivoirien des Mines, Jean-Claude Brou, lors d'une cérémonie.

M. Brou a annoncé l'ouverture avant fin 2014 des «premiers bureaux d'achats, en vue de compléter la chaîne de traçabilité du diamant par l'exportation».

«Les prix seront liés aux conditions du marché et vont procurer des revenus substantiels aux producteurs» s'est-il réjoui, vantant un «projet porteur» pour l'économie du pays.

D'un coût annuel de deux millions de dollars, le DPDDA, co-financé par les États-Unis et l'Union européenne, va s'étaler sur cinq ans et former les 2500 producteurs artisanaux aux techniques de commercialisation.

«Nous avons un défi à relever, passer du diamant du sang qui contribue à l'instabilité et à la paupérisation au diamant de développement», a affirmé à l'AFP Terah U. Dejong, directeur national du projet.

«La levée de l'embargo n'est pas un fin en soi mais offre une voie pour renforcer la gouvernance dans le secteur et attirer les investisseurs» a expliqué de son côté, Terence Mc Culley, ambassadeur américain à Abidjan.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a levé à la fin avril un embargo qui frappait les diamants bruts ivoiriens, décrété en 2005 parce qu'ils alimentaient l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), contrôlant le nord du pays depuis son coup d'État manqué de 2002 contre le président Laurent Gbagbo.

Le calme est revenu en Côte d'Ivoire depuis la chute de Laurent Gbagbo en 2011, après des violences post-électorales qui avaient fait plus de 3000 morts.

Trois ans après la fin de la crise, la Côte d'Ivoire connaît une très forte croissance de son économie - +9,8% en 2012, +8,7% en 2013 et de 8 à 10% prévus pour 2014 - portée par l'État, notamment via la construction d'infrastructures.

D'après des statistiques de l'Union européenne, la production annuelle de diamants ivoiriens est de 50 000 à 300 000 carats (1 carat 0,2 gramme). Entre 200 000 et 300 000 Ivoiriens en vivent, faisant essentiellement de l'extraction artisanale.

Le pays s'est doté en février d'un nouveau code minier pour attirer des investisseurs privés.