Les rebelles sud-soudanais ont lancé dimanche une nouvelle offensive dans le nord-est du pays, dénoncée par l'ONU comme une «claire violation» du cessez-le-feu signé en mai et la «plus grave reprise des hostilités» depuis deux mois.

Les forces du chef rebelle Riek Machar ont annoncé avoir repris dans la matinée la localité de Nasir, leur ex-QG, située à environ 500 km au nord de Juba, près de la frontière éthiopienne, dont l'armée sud-soudanaise s'était emparée en mai.

Mais selon le porte-parole de l'armée gouvernementale, Philip Aguer, les combats étaient toujours en cours en fin d'après-midi à Nasir.

Les combats au Soudan du Sud, qui ont éclaté en décembre 2013, avaient baissé d'intensité depuis mai, notamment en raison de la saison des pluies qui rend les routes impraticables et limite les mouvements de troupes et de matériel.

L'offensive sur Nasir «a été menée par les forces d'opposition, composées d'un mélange de jeunes armés et de soldats déserteurs de la SPLA (l'armée nationale sud-soudanaise) loyaux à l'ancien vice-président Riek Machar», a indiqué la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) dans un communiqué.

«Cette attaque représente la plus grave reprise des hostilités» depuis que le président Salva Kiir et M. Machar se sont engagés le 9 mai à Addis Abeba à cesser les combats et est «une claire violation de l'accord de cessation des hostilités», estime la Minuss.

Le chef par intérim de la Minuss, Raisedon Zenenga, a «déploré que cette attaque majeure survienne alors que des efforts intenses sont en cours (...) pour convaincre les parties de reprendre les pourparlers de paix suspendus à Addis Abeba».

Il a également estimé «inquiétant que cette attaque ait été lancée au mépris de la présence d'une équipe d'observation et de vérification de la cessation des hostilités de l'Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), déployée le mois dernier à Nasir», dans l'État du Haut-Nil.

Les deux camps, rebelles et forces gouvernementales, se sont rejetés la responsabilité de ces combats.

Pour le porte-parole militaire du camp Machar, Lul Kuang, les forces rebelles ont agi en état de «légitime défense», après plusieurs tentatives de l'armée d'arrêter un de leurs chefs.

M. Aguer a de son côté estimé que «les rebelles de Riek Machar continuent de violer le cessez-le-feu», affirmant qu'ils avaient lancé six offensives sur Nasir depuis dimanche matin. L'armée «a tenté de les repousser, mais jusqu'ici les combats sont toujours en cours à Nasir», a-t-il expliqué.

Né le 9 juillet 2011, sur les décombres de décennies de conflit avec Khartoum, le jeune Soudan du Sud a replongé le 15 décembre dernier dans la guerre, sur fond de rivalité au sein du régime entre MM. Kiir et Machar qui ont creusé les antagonismes politico-ethniques au sein de l'armée.

Les combats se sont accompagnés de massacres et d'atrocités contre les civils et l'ONU a mis en garde récemment contre les risques de génocide dans le pays, par ailleurs menacé de famine et au bord d'une catastrophe humanitaire majeure.

Combats et massacres ont fait des milliers, voire des dizaines de milliers de morts et chassé plus de 1,5 million de Sud-Soudanais de chez eux.

Les pourparlers ouverts en janvier à Addis Abeba sous médiation du bloc est-africain de l'Igad, n'ont jusqu'ici débouché que sur deux accords de cessez-le-feu, jamais appliqués.

Des négociations destinées à trouver une solution politique durable au conflit et à mettre en place un gouvernement de transition, comme s'y sont engagés MM. Kiir et Machar le 10 juin, ont été à nouveau suspendues le 23 juin, sans aucune avancée.

L'ONU et l'Union africaine ont récemment appelé les belligérants à reprendre les négociations, sans grand effet jusqu'ici et les observateurs estiment que les deux camps privilégient la victoire militaire à une solution négociée.