Les extrémistes du groupe Boko Haram ont tué plus de 100 personnes et ont installé leur drapeau noir et blanc dans une ville laissée sans défense par l'armée nigériane, à seulement 85 kilomètres de la capitale étatique de Maiduguri (nord-est), ont indiqué samedi un porte-parole de la défense civile et un défenseur des droits de l'homme.

Des centaines de villageois d'une autre région du nord-est, Askira Uba, ont pris la fuite après avoir reçu des lettres des extrémistes islamiques menaçant d'attaquer et de s'emparer de leurs terres, a mentionné Abbas Gava, porte-parole d'un groupe d'autodéfense.

«Neuf villages d'importances se sont vidés de leurs habitants», a-t-il dit.

Des survivants ont mentionné samedi que les insurgés ont utilisé des bazookas et ont lancé des bombes artisanales dans des résidences, avant d'abattre les habitants alors que ceux-ci tentaient de fuir les incendies lors de l'attaque contre Damboa lancée avant l'aube, vendredi. La majorité de la ville a brûlé, ont précisé les survivants.

Selon un défenseur des droits de l'homme, les extrémistes ont frappé de nouveau alors que les gens tentaient d'enterrer les morts, plus tard vendredi, et le bilan des victimes est probablement bien plus élevé que 100. La seule défense est venue de miliciens armés de bâtons et de fusils artisanaux, a dit M. Gava. La ville est en état de siège depuis deux semaines, depuis que Boko Haram a délogé les soldats du camp d'un nouveau bataillon de chars d'assaut en périphérie. Il semble qu'au lieu d'offrir une protection, le camp eut suscité la colère des extrémistes.

Le ministère de la Défense assure que l'attaque a été repoussée et qu'au moins 50 insurgés ont été tués, contre six soldats, y compris le commandant. Mais des résidents locaux ont plutôt soutenu que plusieurs soldats avaient été tués et que l'armée avait été chassée de la base. Les extrémistes auraient pris deux fois en embuscade des convois militaires tentant de rejoindre la base au cours de la dernière semaine.

Les militants ont bloqué l'accès à la ville par le sud, lundi, lorsqu'ils ont fait sauter un pont plus au sud. Damboa est située sur la principale route au sud de Maiduguri, la capitale de l'État de Borno, à un carrefour stratégie pour les agriculteurs qui vont vendre leurs récoltes.

Des centaines de milliers de fermiers ont été expulsés de leurs terres depuis le début de l'insurrection, il y a cinq ans, et des responsables ont mis en garde contre des pénuries alimentaires imminentes.

Tout comme Boko Haram, l'armée nigériane a revendiqué des victoires sur le champ de bataille dans le cadre de cette insurrection faisant rage au coeur du pays le plus peuplé d'Afrique, qui est aussi le plus grand producteur pétrolier du continent.

Jusqu'à maintenant, les attaques de Boko Haram ont fait au moins 2053 morts civiles au cours de la première moitié de 2014, comparativement à 3600 personnes tuées pendant les quatre premières années de l'insurrection.