Le ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Abdelaziz a demandé jeudi l'aide de l'ONU pour former les forces de sécurité de son pays, avertissant que celui-ci pouvait devenir un «État failli».

Le ministre, qui s'est adressé au Conseil de sécurité lors de consultations à huis clos sur la situation en Libye, a précisé ensuite devant la presse qu'il «ne demandait pas une intervention militaire», mais l'envoi d'une «équipe d'experts en sécurité de l'ONU».

Il s'agit, a-t-il précisé, de former l'armée et la police libyennes afin que celles-ci puissent protéger les infrastructures essentielles, notamment les aéroports et les installations pétrolières.

Le président du Conseil de sécurité, l'ambassadeur rwandais Eugène-Richard Gasana, a indiqué à la presse que le Conseil «avait pris note» de la demande d'aide libyenne, mais qu'il était encore trop tôt pour dire comment il y répondrait. «Le secrétaire général (de l'ONU Ban Ki-moon) nous fera des propositions», a-t-il ajouté.

L'ONU a évacué son personnel de Libye la semaine dernière à la suite du regain de violence.

Le terminal de l'aéroport international de Tripoli a été endommagé jeudi par des roquettes, au cinquième jour d'affrontements entre des groupes armés pour le contrôle du site. L'aéroport est fermé depuis dimanche en raison d'une offensive menée par des milices islamistes qui cherchent à en déloger des brigades anti-islamistes.

«Si la Libye devenait un Etat failli, aux mains de groupes radicaux et de seigneurs de guerre, les conséquences seraient profondes et peut-être irréversibles», a averti le ministre libyen.

Le pays pourrait ainsi devenir «un pôle d'attraction pour les extrémistes» de la région et jusqu'en Syrie, a-t-il estimé en plaidant pour «une implication plus forte et plus stratégique du Conseil de sécurité».

Le Conseil a publié jeudi une déclaration unanime sur la situation en Libye où il «condamne les violences récentes, notamment les combats autour de l'aéroport international de Tripoli».

Les 15 membres du Conseil «réaffirment la nécessité pour toutes les parties de mener un dialogue politique et de s'abstenir de toute violence et de tout acte qui pourrait menacer la stabilité de l'État».

La déclaration «salue le succès» des élections parlementaires du 25 juin et «demande au Parlement démocratiquement élu de se réunir rapidement pour se mettre d'accord sur un gouvernement».

Un accord conclu en avril a mis fin à un blocage des ports de l'Est libyen par des rebelles, qui durait depuis juillet 2013. Selon Mohamed Abdelaziz, ce blocage a privé la Libye de plus de 30 milliards de dollars de revenus pétroliers en 11 mois.