Au moins 20 civils ont été tués en Centrafrique au cours d'une attaque lundi soir contre un camp de déplacés à Bambari (centre), alors que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, soulignait à Bangui que «sans cessez-le-feu» ce pays «n'avait pas d'avenir».

«Au moins 20 personnes ont été tuées et 25 blessées lundi soir dans le site des déplacés de la cathédrale catholique Saint-Joseph de Bambari, attaqué par des hommes armés portant des boubous et des uniformes militaires identifiés comme étant des ex-Séléka», a expliqué à l'AFP sous couvert d'anonymat une source de la force africaine (MISCA).

«Les assaillants ont incendié des tentes et ouvert le feu sur les civils qui s'y trouvaient. Il s'agit encore d'un bilan provisoire qui pourrait s'alourdir, car les humanitaires n'ont pas la tâche facile sur le terrain où des tirs étaient encore entendus ce matin», a précisé cette source.

«La plupart des personnes réfugiées sur ce site ont escaladé la concession de la paroisse pour se mettre à l'abri des tirs à la base des soldats français de l'opération Sangaris et à la résidence du préfet», a-t-on ajouté.

L'ex-rébellion estime que des miliciens anti-balaka, à dominante chrétienne, sont présents sur ce site de déplacés, comme ils le sont sur d'autres sites. «C'est pour cela que nous avons lancé une attaque», a indiqué un membre de leur état-major.

«Il y a toujours des provocations et des attaques des anti-balaka depuis leur attaque contre des Peuls qui a fait 17 morts (le 23 juin, près de Bambari). Nous ne faisons que défendre les populations», s'est justifié Ahmad Nejad, porte-parole de l'état-major de l'ex-rébellion.

Visite ministérielle annulée

Ces nouvelles violences ont entraîné l'annulation du déplacement mardi à Bambari du ministre français de la Défense. M. Le Drian est arrivé lundi à Bangui pour une visite de deux jours dans le pays, ancienne colonie française où la France est intervenue militairement en décembre pour tenter de mettre fin aux massacres.

Dans une déclaration sur la radio centrafricaine mardi, il a déclaré qu'«il n'y a pas d'avenir pour la Centrafrique s'il n'y a pas de cessez-le-feu» entre les différents groupes armés qui s'affrontent et multiplient les exactions contre la population.

«Il n'y a pas d'avenir pour la Centrafrique s'il n'y a pas de cessez-le-feu», a jugé M. Le Drian après avoir longuement discuté avec la présidente centrafricaine Catherine Samba Panza lundi soir à Bangui.

«À Bangui», a-t-il ajouté, «la présence de Sangaris (force française), de la MISCA (force africaine) et de l'EUFOR (force européenne) a permis à la sécurité de devenir presque bien. Presque bien. Je le vois bien au fur et à mesure de mes déplacements».

Mais en province, «dans l'est, la situation reste tendue», a-t-il rappelé, soulignant qu'il faut éviter qu'il «y ait des affrontements entre des groupes qui ne recherchent que la haine et la vengeance».

«Donc, il faut que ces groupes-là acceptent un processus de paix, qu'ils acceptent d'abord le cessez-le-feu qui est indispensable à une évolution sereine de ce pays», a poursuivi M. Le Drian.

Avant ces dernières semaines, Bambari était l'une des rares villes de Centrafrique à avoir échappé au cycle infernal des violences intercommunautaires.

La situation a changé brusquement lorsque l'ex-rébellion Séléka a décidé en mai d'y installer son nouvel état-major et une partie de ses combattants en vue de leur cantonnement.

Les incidents ont dès lors commencé à se multiplier malgré la présence des forces internationales, déclenchant fin juin une série de représailles et contre-représailles meurtrières qui ont fait des dizaines de morts.

Depuis le début des violences intercommunautaires à grande échelle en décembre 2013, la Centrafrique, qui compte près de 5 millions d'habitants, déplore plusieurs milliers de morts et plusieurs centaines de milliers de déplacés.