La situation politique en Centrafrique «s'est nettement détériorée depuis un mois», a affirmé mardi devant le Conseil de sécurité le représentant spécial de l'ONU en Centrafrique, le général Babacar Gaye.

«L'insécurité créée par les divers groupes armés s'améliore trop lentement pour satisfaire la population», ce qui alimente «des critiques croissantes» envers le gouvernement de transition et «risque de miner son autorité», a expliqué le général Gaye, qui s'exprimait par vidéoconférence depuis Bangui avant des consultations à huis clos au Conseil sur la RCA.

«Les élites politiques sont profondément divisées et il y a un haut niveau d'antagonisme et de méfiance parmi les acteurs politiques et entre les communautés», a-t-il ajouté. «Cela n'augure rien de bon pour la tenue d'élections crédibles au début de l'an prochain».

«Pour assurer une sécurité durable, le désarmement et un dialogue politique inclusif sont des étapes essentielles», préconise le général Gaye.

En attendant, il estime «qu'il y a un besoin urgent de renforcer les capacités de la Misca (force africaine en RCA)», car «les besoins de protection dans le pays sont énormes».

Environ 2000 militaires français sont déployés depuis fin 2013 en RCA dans le cadre de l'opération Sangaris, aux côtés de quelque 5000 soldats de la Misca, pour stopper les massacres commis par les milices chrétiennes anti-balaka et les ex-rebelles Séléka, à majorité musulmane.

À partir du 15 septembre, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RCA (Minusca) doit prendre progressivement le relais. À terme, la Minusca doit compter 12 000 hommes, issus principalement de pays de la région.

Pour l'instant, a indiqué M. Gaye, la Minusca «augmente sa composante civile» avec pour objectif de la déployer en dehors de Bangui d'ici la fin juillet afin d'assister les autorités locales.

De leur côté, les soldats et policiers européens de l'Eufor-RCA «ont atteint leur pleine capacité opérationnelle» et protègent l'aéroport de Bangui et deux arrondissements de la capitale. Les effectifs prévus pour Eufor-RCA sont de 800 hommes, dont 600 soldats, venant de 12 pays.

Pour M. Gaye, les forces internationales ne peuvent cependant être efficaces «que si leurs efforts vont de pair avec des mesures efficaces pour étendre l'autorité de l'État», et notamment lutter contre l'impunité.