Au moins vingt jeunes femmes ont été enlevées dans le nord-est du Nigeria par des membres présumés du groupe islamiste armé Boko Haram près de la ville où plus de 200 écolières ont été capturées il y a près de deux mois, ont indiqué mardi des habitants à l'AFP.

Ce nouvel enlèvement sur lequel les chiffres divergent, un chef local parlant de 40 femmes, s'est produit samedi dans une communauté peule, dans le village de Garkin et ses alentours, à 8 km de Chibok, dans l'État de Borno où les adolescentes avaient été enlevées à la mi-avril.

«Selon les informations disponibles, des hommes armés sont arrivés un peu avant midi (7 h à Montréal), et se sont emparés de 20 femmes et trois jeunes hommes qui surveillaient le village», a indiqué Alhaji Tar, membre d'une milice d'autodéfense locale.

«Tous les hommes étaient partis dans les champs pour faire paître leurs troupeaux quand les ravisseurs sont arrivés», a-t-il ajouté.

Les informations varient sur le nombre de femmes enlevées dans ce campement de nomades peuls, une ethnie majoritairement musulmane, et aucun contact n'a été établi avec les ravisseurs.

Mais une source au sein de la Commission nationale des droits de l'homme a déclaré qu'aucun enfant n'avait été enlevé et que les femmes kidnappées étaient âgées de 15 à 30 ans.

Un responsable local de l'Association d'éleveurs (peuls) de troupeaux Miyetti Allah du Nigeria (MACBAN) a déclaré que 40 jeunes mères avaient été visées et emportées dans des véhicules vers une destination inconnue.

Selon ce responsable, des enlèvements similaires pour des rançons ont déjà eu lieu dans cette région, mais les habitants ont trop peur d'en parler par crainte de représailles du groupe islamiste armé Boko Haram qui poursuit depuis cinq ans une insurrection sanglante dans la région.

«Ce n'est pas la première fois que des femmes sont enlevées dans cette région et sont relâchées uniquement quand nous payons la rançon en bétail aux ravisseurs», a-t-il poursuivi.

«Ils arrivent et font du porte-à-porte, faisant sortir les femmes et sélectionnant des femmes jeunes puis ils les emmènent dans leurs véhicules et réclament entre 30 et 40 vaches pour leur libération», a-t-il expliqué.

Les villageois paient la rançon, mais n'informent pas les autorités, selon lui.

Marchés fermés à Abuja à la suite d'une alerte

Un responsable du gouvernement de l'État de Borno a indiqué, sous le couvert de l'anonymat, que les autorités étaient au courant de l'enlèvement de samedi, mais a nié avoir connaissance de précédents enlèvements.

«C'est la première fois que nous entendons parler d'enlèvement de femmes peules et nous cherchons à établir les circonstances de cet enlèvement et décider des actions à entreprendre», a-t-il déclaré.

Ni l'armée nigériane ni la police n'avaient encore réagi, mais Mike Omeri, coordinateur au Centre national d'information, un service du ministère de l'Information, a indiqué qu'ils n'avaient reçu aucune information sur de tels enlèvements.

Depuis l'enlèvement des écolières le 14 avril, Boko Haram a intensifié ses actions, particulièrement dans l'État de Borno, où la semaine dernière l'organisation a attaqué au moins quatre villages, faisant des centaines de morts.

Mardi, la police a fermé trois des principaux marchés d'Abuja, à la suite de renseignements selon lesquels ils seraient menacées par une attaque de Boko Haram.

Une gare routière de la banlieue de la capitale a été frappée deux fois, en avril et en mai, par des attentats qui ont tué près de 100 personnes et 118 personnes ont péri le 20 mai dans un attentat dans un marché très animé de Jos.

L'armée nigériane, qui avait annoncé connaître l'endroit où se trouvaient les adolescentes enlevées, a affirmé lundi avoir empêché d'«énormes» attaques de villages dans les États de Borno et Adamawa, tous deux dans le nord-est, le week-end dernier.