Le premier ministre centrafricain André Nzapayéké a jugé que les armes étaient «partout» dans Bangui à l'occasion d'une visite samedi dans la dernière enclave musulmane de la capitale, puis dans le fief des anti-balaka, avant une opération de désarmement volontaire prévue dimanche.

Alors que la population demande avec insistance aux autorités qu'elles désarment les milices à l'origine des violences qui secouent Bangui, le premier ministre a lancé une opération de désarmement volontaire pour dimanche, sans incitation financière, dans les mairies d'arrondissement de la capitale.

«Si le gouvernement avait ordonné un désarmement obligatoire, il y aurait eu beaucoup de morts et je veux épargner des vies», a dit en langue nationale Sango le premier ministre à quelque 200 représentants du quartier du PK-5, l'enclave où vivent reclus les derniers musulmans de Bangui.

«La Centrafrique est un État laïque où chrétiens et musulmans doivent cohabiter en bonne intelligence», a-t-il dit, jugeant que «beaucoup de jeunes sont instrumentalisés par des comploteurs qui veulent en profiter pour prendre le pouvoir».

Le premier ministre a ensuite affirmé à la presse que l'opération de désarmement volontaire de dimanche était «extrêmement importante». «Il ne s'agit pas d'un conflit classique avec un front, deux parties identifiées. C'est un conflit communautaire. On ne sait pas qui est armé, qui ne l'est pas», a-t-il dit en évoquant «les armes» cachées «sous les lits».

Il a indiqué que l'opération se déroulerait de 08h à 15h, dans les mairies des huit arrondissements de Bangui et de deux communes limitrophes, Begoua et Bimbo. Les armes seront ensuite récupérées par les forces africaines de la Misca et françaises de Sangaris qui sont en charge du désarmement des groupes armés.

Un peu plus tard, dans l'après-midi, le premier ministre a reproduit son opération à Boy-rabé, le fief des anti-balaka, ces milices chrétiennes formées contre les ex-rebelles Séléka et qui, plus généralement, traquent les musulmans.

«Tous les quartiers doivent désarmer et en même temps. Si chaque quartier demande à ce qu'un autre quartier désarme en premier, personne ne désarmera jamais», a-t-il dit sur un ton ferme à la centaine de personnes venues l'écouter.

Bangui a connu un regain de violences après l'attaque de l'église Fatima le 28 mai, au cours de laquelle 17 personnes ont été tuées.