La République démocratique du Congo (RDC) accueillera lundi une commission mixte réunissant des responsables de la RDC et du Congo voisin, pour tenter de résoudre les problèmes créés par les expulsions et retours de nombreux ressortissants de la RDC qui étaient installés au Congo.

Le président de la RDC, Joseph Kabila, a annoncé samedi aux ambassadeurs et au chef de la Mission de l'ONU (Monusco), Martin Kobler, «la tenue d'une commission mixte Congo-Brazzaville Congo-Kinshasa à partir de ce lundi à Kinshasa afin de dégager des solutions acceptables», indique un compte-rendu de la rencontre.

Le 4 avril, Brazzaville a lancé une grande opération policière destinée à combattre une montée du banditisme imputée aux étrangers en situation irrégulière conduisant à de nombreuses expulsions.

Selon plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme et témoignages recueillis par l'AFP, l'opération, nommée «Mbata ya bakolo» («la gifle des aînés», en lingala), a rapidement dégénéré en une chasse violente aux «Zaïrois» (le Zaïre est l'ancien nom de la RDC), en règle ou pas.

Face à la violence de la police et à la montée d'une hostilité manifeste de la population de Brazzaville, des dizaines de milliers de ressortissants de RDC sont rentrés dans leur pays d'origine en urgence, abandonnant souvent tout sur place.

La commission mixte devra «déterminer les raisons profondes non seulement des décisions, mais de la manière dont les décisions ont été exécutées», a expliqué samedi soir le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, sur la télévision publique.

«In fine, nous attendons que des résolutions communes pertinentes puissent être prises - à la satisfaction des Congolais du Congo-Brazzaville, et de nous, Congolais du Congo-Kinshasa», a-t-il ajouté.

Dans un communiqué publié le 26 mai dernier, M. Kobler et Mme Zainab Bangura, représentante spéciale des Nations unies sur la violence sexuelle dans les conflits armés, avaient exigé des autorités de Brazzaville qu'elles «cessent immédiatement les expulsions de ressortissants de la RDC», «à l'origine d'une grave crise humanitaire».

L'ONU a relevé des «allégations selon lesquelles elles se seraient accompagnées de violations des droits de l'Homme»: «violences physiques», «mauvais traitements» et «violences sexuelles».

M. Kobler et Mme Bangura avaient alors exhorté le Congo «à enquêter sur ces incidents». Brazzaville avait en retour qualifié leurs déclarations de «grossières».

Brazzaville, qui a reconnu des dérapages et radié 17 policiers, affirme avoir interpellé et renvoyé 2000 ressortissants de la RDC et argue que les autres ont traversé volontairement le fleuve Congo, frontière naturelle entre Brazzaville et Kinshasa.

Selon une estimation de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), quelque 200 000 personnes sont rentrées via le port de Kinshasa. D'après Brazzaville, environ 400 000 ressortissants de la RDC vivaient encore fin mai au Congo, où la plupart exercent des métiers peu qualifiés.