Le roi du Maroc Mohamed VI a affirmé samedi, à l'Assemblée nationale constituante tunisienne (ANC), la nécessité d'édifier un Maghreb «fort», alors que son pays est en désaccord avec l'Algérie sur la question du Sahara occidental.

«L'union du Maghreb arabe (UMA) n'est plus un choix facultatif ou un luxe politique, c'est une revendication populaire pressante et une exigence régionale stratégique incontournable», a-t-il précisé dans son discours à l'occasion de sa première visite officielle en Tunisie depuis la révolution de 2011.

La mise en oeuvre de l'UMA, une instance régionale lancée en 1989 et qui regroupe l'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, bute sur des contentieux politiques entre pays membres, en particulier entre Rabat et Alger.

Ces derniers sont en désaccord sur la question du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole contrôlée par Rabat, mais revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario soutenus par Alger.

Pour le roi marocain, «édifier un Maghreb grand, fort et capable de remplir le rôle qui lui revient aux plans politique, économique, social et sécuritaire doit, pour se concrétiser, reposer sur de solides relations unissant les cinq États du Maghreb et s'appuyer, par ailleurs, sur des projets inclusifs qui renforcent la position et l'évolution de l'Union maghrébine».

Ce blocage «décevant» qui «entrave l'exploitation optimale des richesses et des potentialités» ainsi que «la fermeture des frontières (...) ne sont plus compatibles ni avec la Charte fondatrice de l'Union (...)ni avec les exigences de l'interdépendance et de la complémentarité géographique», a-t-il ajouté.

L'UMA représente un marché potentiel de quelque 90 millions d'habitants. Mais l'intégration régionale est parmi les plus faibles au monde. La longue frontière commune entre le Maroc et l'Algérie est ainsi officiellement fermée depuis 1994.

Selon Mohamed VI, «à tort celui qui pense qu'un seul État peut résoudre les problèmes de développement et à répondre aux attentes des peuples. À tort celui qui pense qu'un seul Etat peut répondre aux problèmes de sécurité et de stabilité».

Le roi a en outre apporté son soutien au processus démocratique en Tunisie.

Le Maroc a été touché par des manifestations dans la foulée du Printemps arabe, le conduisant à adopter en 2011 une nouvelle Constitution renforçant certains pouvoirs du gouvernement, sans remettre en cause la prééminence de la monarchie.