La police nigériane a annoncé lundi avoir déjoué un nouvel attentat à Kano, au lendemain d'une attaque-suicide qui a fait quatre morts dans cette grande ville du nord du pays, visée par le passé par le groupe islamiste Boko Haram.

Selon les autorités, il est trop tôt pour déterminer les responsabilités. Mais certains s'interrogeaient sur un lien éventuel avec des élections locales qui se sont tenues ce week-end à Kano, deuxième ville la plus peuplée du pays et carrefour commercial pour la population du nord, à majorité musulmane.

Dans un communiqué, la police a annoncé lundi avoir empêché «vers 9 h (4 h au Québec) ce qui aurait pu être une nouvelle explosion dévastatrice dans la vieille ville de Kano».

Elle a expliqué avoir arrêté un véhicule, de marque Mitsubishi, qui contenait une bombe artisanale composée de plusieurs bonbonnes de gaz couplées à un fût d'essence. La bombe a été neutralisée grâce à des renseignements recueillis auparavant.

«Les services de sécurité à Kano ont lancé une enquête» sur l'attaque avortée comme sur l'attentat de dimanche soir, a ajouté la police.

Quatre personnes, dont une enfant, avaient été tuées dans l'attentat à la voiture piégée perpétré dimanche dans le quartier à majorité chrétienne de Sabon Giri, 24 heures à peine après l'adoption à Paris d'un plan de «guerre» contre Boko Haram.

Dans ce secteur habituellement très animé avec ses nombreux bars et restaurants de plein air, «cinq personnes, dont le kamikaze, sont mortes» dans l'attaque-suicide survenue dimanche vers 22 h (17 h au Québec), a affirmé le commissaire Adelere Shinaba. Les victimes sont «trois hommes et une fille de 12 ans», a-t-il précisé.

Cependant, un habitant, Steven Nwogor, a déclaré à la presse que l'attentat avait tué aussi ses deux filles et grièvement blessé sa femme, qui vendait du poisson dans la rue.

«J'ai perdu deux de mes sept enfants sans raison et ma femme est à l'hôpital, je ne suis pas sûr qu'elle s'en sortira», a raconté ce commerçant de 43 ans, réprimant un sanglot.

Puissante explosion

La puissante explosion a été entendue à des kilomètres à la ronde et a brisé des fenêtres dans la zone, désormais bouclée par les enquêteurs et gardée par des dizaines de policiers en armes et de soldats.

Les enquêteurs cherchaient à rassembler les fragments de la Golf Volkswagen qui aurait été utilisée par le kamikaze, a constaté un journaliste de l'AFP.

Sur le sol noirci et couvert de taches de sang, des débris de chaises en plastique et de tables étaient encore répandus.

«C'est une attaque contre nous tous», s'est indigné Obinna Amobi, vendeur de pièces détachées pour voitures.

L'attaque a replongé Kano dans l'effroi après une période de relative accalmie. Le quartier même de Sabon Giri a déjà été plusieurs fois attaqué. Le 29 juillet 2013, 12 personnes y avaient péri dans de violentes explosions.

Le Nigeria et ses voisins avaient adopté samedi à Paris, avec le soutien des Occidentaux, un plan de «guerre» contre Boko Haram, qualifié de «secte terroriste» et de «menace majeure» pour la région.

Le président camerounais Paul Biya avait résumé la volonté des pays de la région et des Occidentaux, en affirmant: «Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram».

Le groupe islamiste créé en 2002 a enlevé il y a un mois plus de 200 adolescentes à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, et les attaques du groupe ont fait des milliers de morts depuis 2009 (quelque 2000 depuis le début de l'année).

Critiqué pour sa gestion de la crise, le président nigérian Goodluck Jonathan a assuré samedi à Paris qu'il était «pleinement engagé» pour retrouver les lycéennes. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont mobilisé des moyens humains et matériels (notamment des avions et des drones, côté américain) pour collecter du renseignement.

Le plan régional prévoit notamment une coordination et un échange d'informations en matière de renseignement.

Quelques heures à peine avant la réunion de Paris, le groupe islamiste attaquait un camp de travailleurs chinois dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun, tuant au moins un militaire camerounais et enlevant 10 travailleurs chinois. Selon une source policière camerounaise, ces hommes ont probablement été «conduits au Nigeria» par des membres de Boko Haram.