Au moins dix personnes ont été tuées et 90 blessées vendredi dans un attentat sur un marché de Nairobi, alors que, sur la côte kényane, des voyagistes finissaient d'évacuer quelque 400 touristes britanniques en raison de «menaces terroristes».

Deux bombes artisanales ont explosé sur le marché de Gikomba, près du centre de la capitale kényane, selon la police qui a annoncé l'arrestation de deux suspects.

Dix personnes ont été tuées, selon un dernier bilan annoncé par le Centre kényan de gestion des catastrophes (NDOC).

L'hôpital Kenyatta de Nairobi, le plus important de la capitale, a indiqué avoir reçu huit corps - quatre hommes et quatre femmes - et admis 76 blessés. Quatorze blessés ont été admis à l'hôpital Guru Nanak, le plus proche du lieu des attentats, selon son directeur Ravi Kaul.

La Croix-Rouge kényane a appelé la population à donner son sang et mis en place un centre de collecte à l'hôpital Kenyatta.

Les bombes ont explosé à l'entrée du marché, près d'étals vendant des vêtements d'occasion, selon un photographe de l'AFP qui a vu deux cratères séparés d'une dizaine de mètres seulement.

Un minibus de transport public a été sévèrement endommagé. Des impacts sur le seul côté gauche du véhicule, semblant dus à des billes de métal projetées par l'explosion, laissaient supposer que la bombe a détonné à l'extérieur.

Des étals en bois étaient renversés et des vêtements éparpillés, certains ayant été projetés jusque dans les fils électriques, dont ils pendaient à plusieurs mètres de hauteur.

Le Kenya, visé par plusieurs attentats depuis qu'il a envoyé son armée combattre les islamistes shebab en Somalie en octobre 2011, a connu ces derniers mois une recrudescence d'attaques.

Au moins sept personnes ont été tuées et une centaine blessées en deux jours début mai, par l'explosion de bombes contre un bus et un hôtel international à Mombasa, deuxième ville du pays sur la touristique côte kényane, et dans deux bus à Nairobi le lendemain.

Le Kenya, encore traumatisé par l'assaut mené par un commando islamiste contre le centre commercial Westgate de Nairobi en septembre (au moins 67 morts), est en alerte depuis qu'une bombe a fait long feu mi-janvier à l'aéroport international de Nairobi, puis qu'une voiture piégée a été interceptée mi-mars à Mombasa.

Plusieurs pays occidentaux - Royaume-Uni, France, Australie, États-Unis - ont relevé ces derniers jours leur niveau d'alerte sur le Kenya, déconseillant particulièrement les déplacements à Mombasa et pour certains sur une partie ou la totalité de la côte kényane, en raison de «menaces terroristes».

Thomson et First Choice, filiales du plus gros voyagiste d'Europe, TUI Travel, ont évacué, jeudi et vendredi leurs 400 clients de la côte kényane et annulé jusqu'au 31 octobre leurs vols vers Mombasa.

«Un premier avion a atterri vendredi matin à (l'aéroport londonien de) Gatwick. Le reste des vacanciers devraient arriver ce soir» à Londres, a expliqué une porte-parole des deux compagnies.

Adam Sheikh, chargé du tourisme au sein des autorités du canton kényan de Kwale, qui s'étend sur l'ensemble de la côte au sud de Mombasa, s'est dit «choqué» par cette décision, tandis qu'à l'aéroport de Mombasa, les touristes attendant d'être rapatriés vendredi semblaient plutôt mécontents.

Barbara Dunbar, arrivée mardi seulement, «aurait préféré rester», tandis que Ben Sheldrick aurait lui aimé «qu'on (lui) laisse le choix», de rester ou partir.

Les autorités kényanes ont qualifié jeudi d'«actes inamicaux» ces avertissements qui inquiètent les acteurs du tourisme, secteur important de l'économie du Kenya mais déjà mal en point.

«Cela va être un coup dur pour le secteur du tourisme. La haute saison devait commencer en juillet», a expliqué Sam Ikwaye, un cadre de l'Association des hôteliers et restaurateurs du Kenya, estimant que les hôtels de la région pourraient perdre jusqu'à 70% de leurs recettes et s'inquiétant que les touristes d'autres pays soient également rapatriés.

Selon les chiffres les plus récents, le secteur représentait directement ou indirectement 14% du PNB et fournissait quelque 700.000 emplois directs ou indirects, soit environ 12% des emplois du pays.

Selon Mohammed Hersi, patron du groupe hôtelier Heritage, «de nombreux emplois vont disparaître et l'alerte émise par Londres va «avoir des répercussions à long terme».

Le Kenya, réputé pour ses safaris et ses plages de sable blanc, a reçu à peine plus d'un million de visiteurs en 2013, soit une baisse de plus de 11% par rapport à 2012.