Le gynécologue congolais Denis Mukwege, célèbre pour son aide aux femmes violées dans l'est de la République démocratique du Congo, a appelé samedi à la «mobilisation générale» contre les viols d'enfants et de bébés.

«J'exerce mon métier depuis 30 ans et pour la première fois, j'ai opéré il y a 2 semaines un bébé âgé de 2 mois», a raconté le Dr Mukwege samedi lors de la conférence «Les hommes contre la violence faite aux petites filles», organisée à Kavumu, dans la province riche et instable du Sud-Kivu (Est).

«Nous appelons à une mobilisation générale pour honorer les survivantes, enrayer la violence et prévenir la répétition de ces pratiques sauvages», poursuit-il dans un communiqué de la branche congolaise du mouvement d'hommes féministes V-Men International, qu'il parraine.

Selon lui, «depuis un an, des dizaines de bébés et de jeunes filles ont été victimes d'actes barbares qui affectent notre communauté et font honte à notre humanité commune».

«Pour chacun de ces cas, précise-t-il, le mode opératoire est le même: les enfants sont enlevés au domicile familial, amenés en brousse puis violés et abandonnés pour être retrouvés ensuite avec de sérieuses lésions gynécologiques liées aux violences sexuelles subies.»

Le gynécologue souligne qu'il «n'y a pas de fatalité» et appelle à «dénoncer le viol de nos enfants, créer des mécanismes d'alerte pour restaurer la sécurité dans nos quartiers et mettre fin à l'impunité».

«Tous, militons pour que les auteurs soient poursuivis et jugés équitablement, et qu'il y ait réparation en faveur des victimes», martèle-t-il.

Le mouvement V-Men souhaite éliminer «les discriminations et les attitudes misogynes qui font honte à notre humanité et minent les perspectives de développement durable».

Les V-Men sont une émanation du mouvement international de lutte contre les violences faites aux femmes V-Day («Jour V»), dont la lettre V signifie tout à la fois «Victoire», «Vagin» et «Amoureux» («Valentine» en anglais).

Le Dr Mukwege a fondé l'hôpital et la fondation de Panzi, à Bukavu, capitale du Sud-Kivu, pour aider les femmes violées à se reconstruire. Son nom a été suggéré plusieurs fois pour le Prix Nobel de la paix. Il a notamment reçu le prix de l'ONU pour les droits de la personne.