Huit adolescentes ont été kidnappées dans le nord-est du Nigeria par des membres présumés du groupe islamiste armé Boko Haram, qui a déjà revendiqué lundi l'enlèvement sans précédent de plus de 200 lycéennes, plongeant leurs familles dans le désarroi.

L'annonce de ces nouveaux rapts intervient alors que la menace de Boko Haram de vendre comme  «esclaves» les lycéennes enlevées le 14 avril, contenue dans une vidéo, a suscité une indignation mondiale.

«Ils passaient de porte en porte à la recherche de filles (...) Ils ont pris de force huit filles âgées de 12 à 15 ans», a déclaré Abdullahi Sani, un habitant du village de Warabe, dans l'État de Borno (nord-est), où l'enlèvement des huit adolescentes a eu lieu dimanche soir. Ces nouveaux rapts ont été confirmés par d'autres habitants.

Lundi, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait revendiqué le kidnapping de 276 lycéennes, dans un lycée de Chibok, également dans l'État de Borno, région d'origine de l'insurrection qui a fait des milliers de morts depuis son déclenchement en 2009.

Dans une vidéo obtenue lundi par l'AFP, Shekau explique qu'il va «vendre (les lycéennes) sur le marché» et qu'elles sont traitées en «esclaves».

«Depuis le début, nous imaginions ce qui pourrait arriver à nos filles aux mains de ces gens abominables. Aujourd'hui, Shekau a confirmé nos craintes», a déclaré Lawal Zanna, dont la fille figure parmi les captives.

L'enlèvement a provoqué une vive indignation dans le pays, où  des centaines de parents des lycéennes enlevées s'étaient rassemblés jeudi pour une marche de protestation, mais aussi à l'étranger, où il a fait la une de nombreux journaux.

«Totalement contraire aux enseignements de l'islam»

Mardi, Al-Azhar, plus haute autorité religieuse de l'islam sunnite, a appelé Boko Haram à relâcher les lycéennes.

Dans un communiqué publié au Caire, Al-Azhar, siège de la prestigieuse université islamique du même nom, a souligné que faire du mal à ces jeunes filles est «totalement contraire aux enseignements de l'islam et à ses principes de tolérance», et appelé «à la libération immédiate» des lycéennes «Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur cette preuve évidente de barbarie», a déclaré lundi la sénatrice démocrate américaine Amy Klobuchar devant ses pairs.

Le chef de la diplomatie britannique, dénonçant des kidnappings «écoeurants», a indiqué que Londres apportait une «aide concrète» au Nigeria dans cette affaire.

Vendre les adolescentes s'apparenterait à un crime contre l'humanité, a prévenu l'ONU.

Une «cruauté inimaginable», a dit Angelina Jolie à Paris.

Au total, 276 lycéennes avaient été enlevées il y a trois semaines. Plusieurs dizaines ont réussi à s'enfuir, mais plus de 220 seraient toujours aux mains des insurgés, selon la police.

Depuis l'attaque, les familles ont critiqué l'action de l'armée, qu'elles accusent d'avoir négligé l'affaire depuis le départ.

Les militaires assurent avoir lancé une vaste opération de recherches, notamment dans la forêt de Sambisa où Boko Haram a installé des camps fortifiés.





Des experts envoyés

Le Nigeria a accepté mardi la proposition américaine d'envoyer une équipe d'experts pour aider à retrouver les quelque 200 lycéennes enlevées par des membres présumés du groupe islamiste armé Boko Haram.

Le secrétaire d'État américain John Kerry s'est entretenu par téléphone mardi avec le président nigérian Goodluck Jonathan, lui assurant que les Etats-Unis étaient «prêts à envoyer une équipe au Nigeria pour discuter de la façon dont ils pouvaient au mieux apporter de l'aide» aux efforts déployés pour retrouver les jeunes filles, a expliqué la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.

«Le président Goodluck Jonathan était très heureux de recevoir cette proposition et nous sommes dès à présent en train de mettre en oeuvre des mesures d'assistance», a déclaré M. Kerry, après s'être également entretenu avec la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Le président nigérian a accepté cette offre mais les détails de l'opération doivent encore être précisés, a ajouté Jennifer Psaki. Les services de M. Jonathan ont ensuite confirmé que le président acceptait cette aide, par le biais d'un communiqué.

Washington a pour projet «d'envoyer des agents américains de sécurité pour collaborer avec leurs homologues nigérians dans le cadre des recherches», selon ce communiqué.

Les États-Unis ont aussi proposé de mettre en place une équipe de coordination à leur ambassade à Abuja. Elle serait composée de personnel militaire américain, de responsables des forces de l'ordre ainsi que d'experts dans les situations d'enlèvements.

De son côté, M. Jonathan a dit à John Kerry que «les agences de sécurité (nigérianes), qui travaillent déjà à plein régime pour retrouver et secourir les filles enlevées, saluent la mise en oeuvre de l'expertise et du savoir-faire de l'antiterrorisme américain pour les aider dans leurs efforts».

Selon Jennifer Psaki, John Kerry doit rencontrer le président Barack Obama mardi après-midi et l'enlèvement des jeunes filles devrait être «un point important de leurs discussions».

«Le président Obama a ordonné que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour aider le gouvernement nigérian à retrouver et secourir ces filles», a souligné le porte-parole du président américain.

Dans une vidéo obtenue lundi par l'AFP, le chef du groupe islamiste armé Abubakar Shekau a revendiqué l'enlèvement de plus de 200 adolescentes le 14 avril dans un lycée de Chibok, une autre ville de l'État de Borno. Il a menacé de les vendre comme esclaves.

Et mardi, huit autres adolescentes ont été kidnappées dans le nord-est du Nigeria.

Le président nigérian Goodluck Jonathan est soumis à une forte pression depuis le rapt, survenu quelques heures après un attentat à la voiture piégée revendiqué par Boko Haram dans les faubourgs de la capitale fédérale, Abuja, qui avait fait au moins 75 morts.

M. Jonathan s'était montré jusqu'à présent réticent à accepter l'aide extérieure pour retrouver les adolescentes.