Le bilan officiel de la catastrophe ferroviaire de mardi dans le sud-est de la République démocratique du Congo s'est alourdi à 74 morts dimanche avec la découverte de nouveaux corps, mais aussi de deux rescapés dont un nourrisson, bloqués sous un wagon.

«On dénombre dimanche soir 74 morts» et 163 blessés, a déclaré à l'AFP le ministre de la Santé congolais, Félix Kabange Mukwapa.

Pendant la journée, les opérations de secours ont dégagé l'un des deux wagons renversés qui obturaient encore la voie ferrée. Leurs efforts ont été récompensés par la découverte d'un bébé d'environ un an «retrouvé au sein de sa mère dont le corps était en état de putréfaction», et un jeune homme apparemment en état de choc, a indiqué M. Kabange sans qu'on sache les soins qui ont été prodigués à ces deux miraculés.

Le train de marchandises à bord duquel ils voyageaient, comme de nombreux autres passagers clandestins, a déraillé mardi au Katanga, dans un lieu très enclavé et marécageux, à 65 kilomètres au nord de Kamina, ville située à quelque 600 km au nord-ouest de Lubumbashi, la capitale de la province

Le nombre des victimes recensées a beaucoup fluctué au fil des jours.

Dans la matinée, M. Kabange avait revu à la hausse à 57 morts le précédent bilan officiel qui datait de jeudi et s'élevait à 48 personnes tuées.

Le train accidenté devait rallier Kamina à Mwene-Ditu, plus au nord, dans la province du Kasaï-Oriental. Selon des témoins, il transportait de nombreux élèves et enseignants qui rentraient de vacances après les fêtes pascales.

Dimanche, un responsable katangais ayant requis l'anonymat a déclaré à l'AFP que la réalité pourrait être encore bien plus morbide que ce qui sera finalement annoncé officiellement car des dizaines de personnes risquent d'avoir disparu dans l'accident, emportés dans les eaux de la rivière Mwyi, qui borde la voie ferrée.

Selon lui, l'ampleur du drame est telle qu'elle mériterait que soit décrété un deuil national comme les autorités l'avaient fait en mars après le naufrage d'un bateau transportant des réfugiés Congolais rentrant chez eux dans l'Est du pays. Selon le gouvernement, deux cent dix personnes ont péri ou disparu dans ce drame, survenu sur le lac Albert, à la frontière entre l'Ouganda et la RDC.

Sur les lieux de l'accident de train, les secouristes ont travaillé toute la journée sous une forte chaleur et dans une odeur pestilentielle de charogne et de denrées avariées (le train transportait notamment des chinchards, variété de poissons prisée au Congo), a indiqué M. Kabange. Ils ont cessé leur action avec la nuit et devaient se remettre à l'ouvrage lundi matin pour tenter de dégager le dernier wagon, a encore dit le ministre.

Selon des témoins et des responsables locaux, des familles cherchaient encore à retrouver des proches montés à bord du train.

Un déraillement par jour

A l'exception de 18 blessés graves qui ont été transférés à Lubumbashi, les victimes survivantes sont soignées dans les hôpitaux de Kamina et des environs, a indiqué M. Kabange, ajoutant que l'équipe médicale envoyée par la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) contribuait «beaucoup» aux soins sur place.

M. Kabange a quitté le Katanga samedi après avoir passé trois jours sur les lieux du drame. Selon lui, une des personnes recensées comme étant blessée a succombé à ses blessures dimanche, et trois blessés qui s'étaient réfugiées en brousse sont revenus vers les secours faute d'avoir pu se faire soigner.

Les accidents de train graves sont assez fréquents en RDC. Mis en service à l'époque coloniale belge, le réseau ferré est dans un état de délabrement avancé faute d'avoir été entretenu pendant des années après l'indépendance du pays en 1960.

L'état des voies ferrées est tel que sur de nombreux tronçons les trains circulent moins vite que les piétons. Selon la SNCC, on compte dans tout le pays en moyenne un déraillement par jour, la plupart du temps sans conséquences graves.