Le Conseil de sécurité de l'ONU s'apprête à lever l'embargo qui frappe depuis 2005 l'exploitation des diamants ivoiriens et à assouplir un autre embargo sur les armes, selon des diplomates.

Les 15 membres du Conseil devraient adopter mardi une résolution en ce sens. «Les 15 pays sont parfaitement unis» sur ce dossier, a affirmé un diplomate.

L'embargo sur les ventes de diamants avait été décrété parce qu'ils alimentaient l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), qui contrôlait le nord du pays depuis son coup d'État manqué de 2002 contre le président Laurent Gbagbo.

Mais ce commerce est maintenant bien encadré par le processus de Kimberley auquel la Côte d'Ivoire a adhéré et l'embargo avait eu pour effet de susciter des filières parallèles.

Selon un récent rapport d'experts de l'ONU, la production et la commercialisation du diamant brut se poursuivent «illégalement» en Côte d'Ivoire à travers des «réseaux commerciaux qui achètent puis exportent illégalement en passant par les États voisins».

La Côte d'Ivoire demandait depuis plusieurs mois à pouvoir recommencer à exporter ses diamants et elle avait reçu en novembre dernier le feu vert du Processus de Kimberley pour que l'ONU lève son embargo.

Créé en 2000, le régime international de certification dit de Kimberley, soutenu par l'ONU, rassemble 75 États. Il édicte des conditions à remplir par un pays pour que ses diamants puissent être exportés légalement.

Cette initiative répond à la controverse autour des «diamants du sang», ces pierres précieuses ayant servi à financer des conflits, comme en Angola ou en Sierra Leone.

D'après un document de l'Union européenne, la production annuelle de diamants ivoiriens est de 50 000 à 300 000 carats (1 carat 0,2 gramme), ce qui place le pays bien loin derrière les premiers producteurs mondiaux (Botswana, Russie, Angola, Canada). Entre 200 000 et 300 000 Ivoiriens en vivent, faisant essentiellement de l'extraction artisanale.

Selon le projet de résolution dont l'AFP a eu copie, le Conseil «décide de mettre fin dès l'adoption de la résolution aux mesures empêchant l'importation par tout pays de tous les diamants bruts venant de Côte d'Ivoire (...) à la lumière des progrès faits pour appliquer le processus de certification de Kimberley et mieux gérer ce secteur».

Le projet de résolution assouplit aussi l'embargo sur les armes imposé au pays. Les armes lourdes restent strictement contrôlées, mais des armes de petit calibre pourront désormais être livrées à la police et la gendarmerie par exemple, sous réserve de notification préalable à l'ONU.

Il s'agit de donner des moyens aux forces de l'ordre locales au moment où la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) réduit progressivement ses effectifs. Ceux-ci sont passés d'un maximum de 10 400 hommes à 7137 et ce chiffre doit tomber à 5400 en 2015.

Le calme est revenu en Côte d'Ivoire depuis la chute de l'ancien chef de l'État Laurent Gbagbo en 2011 après des violences postélectorales qui ont fait plus de 3000 morts.