Des soldats et miliciens poursuivent «jour et nuit» les islamistes qui ont enlevé des dizaines de lycéennes la semaine dernière dans le nord-est du Nigeria, a affirmé un responsable lundi, leur nombre serait plus élevé qu'annoncé, selon d'autres sources.

Cet enlèvement attribué au groupe islamiste Boko Haram dans l'État de Borno, dans le nord-est du Nigeria, est considéré comme l'une des attaques les plus choquantes du groupe extrémiste depuis le début de son soulèvement il y a cinq ans.

Le gouvernement de Borno avait annoncé initialement l'enlèvement de 129 lycéennes de la localité de Chibok par des hommes armées le 14 avril mais le nombre des prisonnières a diminué depuis, de nombreuses jeunes filles ayant réussi à s'échapper.

Isa Gusau, un porte-parole du gouverneur de Borno Kashim Shettima a indiqué qu'un total de 52 adolescentes avaient échappé à leurs ravisseurs, dont sept retrouvées saines et sauves lundi.

«Nous avons 77 jeunes filles toujours détenues», a indiqué à l'AFP M. Gusau.

Mais la directrice du lycée de Chibok, Asabe Kwambura, a indiqué lundi qu'elle cherchait toujours à établir avec les parents le nombre exact de jeunes filles enlevées.

«Un total de 230 noms» a été noté par les parents, a-t-elle affirmé.

«Depuis, 43 jeunes filles se sont échappées. Nous en avons encore 187 dont on est sans nouvelles», a-t-elle ajouté.

Les responsables de l'État de Borno n'ont pas répondu aux demandes de clarification sur les chiffres mais ils ont souligné que tout était fait pour retrouver les disparues.

«Une opération a été mise en place pour retrouver les jeunes filles encore aux mains de leurs ravisseurs», a assuré M. Gusau, précisant que des soldats et des membres d'une milice civile mise en place l'année dernière afin d'aider l'armée à combattre Boko Haram participaient à cette opération.

«Nous travaillons jour et nuit pour nous assurer qu'elles seront toutes libérées et en bonne santé», a-t-il déclaré à l'AFP

Les habitants ont adressé à nouveau un appel aux militants de Boko Haram mais les islamistes, accusés d'être responsables de milliers de morts, n'ont pour l'instant fait aucune déclaration sur ces enlèvements.

Le groupe, dont le nom signifie «L'éducation occidentale est un péché» en langue haoussa, a souvent pris pour cible des écoles et des universités depuis le début, en 2009, d'une insurrection qui a fait des milliers de morts.

Le même jour que ce rapt inédit, un attentat avait fait au moins 75 morts et 141 blessés à Abuja, l'attaque la plus meurtrière jamais lancée dans la capitale fédérale nigériane par le groupe islamiste radical.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a revendiqué cet attentat, dans un enregistrement vidéo, mais n'a pas parlé de l'enlèvement.

«Nous lançons un appel à Boko Haram pour qu'il fasse preuve de clémence et qu'il relâche ces jeunes filles (...) La population de Chibok ne connaîtra pas de paix tant qu'elles ne seront pas libérées», a déclaré un habitant, Haladu Sule.

Des habitants ont critiqué les opérations de recherche effectuées par les autorités, qu'ils jugent insuffisantes et qui n'ont pour l'instant pas abouti.

Dans un message à l'occasion de Pâques, le président Goodluck Jonathan a déclaré que le Nigeria «triomphera» de la menace islamiste. «Si Dieu le veut, nous viendrons à bout de Boko Haram».