Vingt-et-un détenus sont morts dimanche lors d'une tentative d'évasion des locaux du quartier général des services de renseignements intérieurs (DSS) à Abuja, la capitale du Nigeria, dans laquelle des militants du mouvement islamiste Boko Haram pourraient être impliqués.

Alors que le QG des services de renseignements est tout proche de la résidence du président, l'affaire est embarrassante pour le pouvoir, même si l'implication de Boko Haram, évoquée sur des sites de journaux et sur les réseaux sociaux, n'a pas été confirmée officiellement.

Les forces de sécurité nigérianes sont impuissantes jusqu'à présent à abattre la sanglante rébellion armée de Boko Haram dans le nord-est du pays, qui dure depuis bientôt cinq ans.

La tentative d'évasion s'est produite à 7 h 15 (2 h 15 heure de Montréal) au moment de la distribution du repas, a indiqué dans un communiqué la porte-parole du Département des Services de l'État (DSS), Marilyn Ogar.

Selon une source de sécurité, les détenus ont désarmé un des gardiens du centre, avant de s'emparer de son fusil et de lui tirer dessus.

Vingt-et-un détenus ont été tués et deux employés du DSS ont été gravement blessés, a précisé Mme Ogar, affirmant que la situation était désormais sous contrôle et qu'une enquête était en cours.

Des habitants du voisinage ont affirmé avoir entendu des tirs dimanche matin.

Le porte-parole du président Goodluck Jonathan, Reuben Abati, a minimisé l'incident, assurant sur son compte Twitter que la résidence n'avait pas été touchée.

«Ce qui s'est passé dans le quartier général n'a rien à voir avec la villa (présidentielle). Le président est sain et sauf», a-t-il écrit.

Des soldats ont été amenés en renfort pour sécuriser la zone. La circulation, qui avait été détournée, était revenue à la normale dimanche soir, selon Mme Ogar.

Plusieurs sites de journaux nigérians et des usagers des réseaux sociaux ont assuré que les détenus étaient soupçonnés d'appartenir à Boko Haram, mais ils n'ont pas cité leurs sources.

Le DSS avait exhibé, le 3 mars, sept personnes soupçonnées d'appartenir à Boko Haram, arrêtées pour le meurtre, le 1er février à Zaria (nord) d'Adam Albani, un important responsable religieux musulman qui avait critiqué le groupe dans les médias, au quartier général même.

Mais il n'est pas établi que les suspects, y compris le «cerveau» présumé de l'attentat, soient toujours dans l'établissement du DSS.

Lors du premier trimestre 2014, l'insurrection de Boko Haram, qui a commencé en 2009, a fait plus de 1000 morts et a provoqué le départ de leurs foyers de 250 000 personnes dans les trois États du nord-est du pays touchés par les plus grandes violences, et où règne l'état d'urgence, selon le principal organisme de secours nigérian.

Malgré une offensive de grande ampleur des forces de sécurité, lancée il y a près d'un an dans ces trois États, Boko Harma multiplie les attaques dévastatrices.

Les civils sont les premières victimes de ces attaques et de la répression féroce menée par les forces de sécurité.

Les voix, dont celle du conseiller national à la sécurité Sambo Dasuki, se multiplient pour demander un changement de stratégie face aux groupes extrémistes, et mettre l'accent sur le développement économique et social des régions défavorisées du Nord.