Dix-sept personnes ont été tuées dans une explosion attribuée au groupe islamiste armé Boko Haram sur le marché d'un village dans l'État de Borno (nord-est du Nigeria), a annoncé dimanche un responsable de la police dans cette région.

L'explosion, qui a également fait des blessés, s'est produite jeudi dans le village reculé de Nguro-Soye, au moment où les activités commerciales étaient intenses.

«J'ai été informé par mon officier de police divisionnaire à Bama qu'une explosion sur le marché de Nguro-Soye a tué 17 personnes», a déclaré à l'AFP le chef de la police de l'État de Borno, Lawan Tanko au sujet de cette attaque.

L'annonce de cette explosion a été retardée en raison de la destruction du réseau téléphonique lors de précédentes attaques menées par des insurgés de Boko Haram dans cette région.

«L'attaque menée à Nguro-Soye, comme les précédentes, est le travail des insurgés de Boko Haram», a déclaré M. Tanko.

«Une opération militaire est en cours dans cette région contre le groupe (Boko Haram) et cette attaque (contre le marché) semble marquer toute leur frustration après leurs défaites au cours de l'opération (militaire) en cours», a-t-il affirmé.

Le village de Nguro-Soye est situé près de la ville de Bama, à 60 km de Maiduguri, capitale de l'État de Borno, où 47 personnes ont été tuées début mars au cours d'une série d'attaques multiples menées par Boko Haram.

De leur côté, les habitants qui ont fui le village pour la capitale de l'État, Maiduguri, ont indiqué que 29 personnes avaient été tuées lors de l'attaque de Nguro-Soye.

«Ils (les attaquants) ont utilisé des RPG (lance-roquettes) contre le marché, tuant 29 personnes», a déclaré un commerçant local, Hamisu Ibrahim.

«De nombreuses personnes ont été blessées dans l'attaque et dans la bousculade qui a suivi», a-t-il ajouté.

Mais la police conteste cette version des faits tout comme le nombre des victimes.

«Il n'a pas encore été déterminé si l'explosion survenue sur le marché qui a tué 17 personnes était le résultat d'explosifs cachés ou de RPG», a déclaré M. Tanko ajoutant qu'une enquête était en cours.

Les 85 établissements secondaires publics de l'État de Borno sont fermés depuis une semaine et pour une durée indéterminée, après des attaques meurtrières du groupe islamiste armé Boko Haram.

Des parents d'élèves ont également confirmé la fermeture des établissements, qui accueillent plus de 120 000 élèves, certains manifestant leur hostilité à cette mesure de nature à renforcer Boko Haram dont le but, à leurs yeux, est d'empêcher les jeunes d'aller à l'école.

Les établissements scolaires et universitaires ont souvent été pris pour cible par Boko Haram, dont le nom signifie «L'éducation occidentale est pêché» en langue haoussa.

Plusieurs établissements dans le nord de l'État de Borno, sont quant eux fermés depuis plus de deux ans.

Fin février, 43 élèves ont été tués lors de l'attaque du lycée de Buni Yadi, dans l'État voisin de Yobe, par des militants présumés de Boko Haram. Plusieurs lycéennes ont également été enlevées, au cours de cette attaque, et le bâtiment a été entièrement brûlé.

Les autorités de Yobe ont déclaré en octobre dernier que 209 écoles avaient été détruites au cours d'attaques de Boko Haram dans cet État, les dommages s'élevant à plus de 11 millions d'euros.

Malgré l'instauration de l'état d'urgence dans trois États du Nord-Est en mai dernier et une lourde intervention de l'armée, les attaques de Boko Haram ont déjà fait près de 700 morts lors de 40 attaques et plusieurs dizaines de milliers de déplacés dans cette région depuis le début de l'année, selon l'ONG Human Rights Watch.

Ce bilan est le plus élevé depuis le début du conflit en 2009.

La police découvre une maison de l'horreur au nord de Lagos

LAGOS - La police nigériane a annoncé dimanche avoir découvert plusieurs corps en état de décomposition, des squelettes et des crânes dans un bâtiment abandonné dans la ville d'Ibadan, dans le sud-est du Nigeria, ainsi que plusieurs personnes en état de malnutrition «ressemblant à de véritables squelettes».

«Lorsque nous nous sommes rendus dans l'immeuble abandonné dans la communauté Soka à Ibidan, hier (samedi), nous y avons vu des corps décomposés, des squelettes ainsi que des crânes, c'était dans l'immeuble et dans la brousse environnante», a déclaré à l'AFP la porte-parole de la police de l'État d'Oyo, Olabisi Ilobanafor.

«Nous traitons ce cas comme une affaire criminelle et nous en avons référé au département d'investigations criminelles de la police pour une enquête approfondie», a-t-elle dit.

La porte-parole a ajouté que plusieurs personnes en état de malnutrition aiguë et «ressemblant à de véritables squelettes» avaient été secourues dans la brousse «entourant l'immeuble».

Plusieurs personnes ont été arrêtées, a ajouté la porte-parole.

Ibadan, capitale de l'État d'Oyo, est située à environ 130 km au nord de Lagos, une des plus grandes villes du Nigeria.

Cette macabre découverte a été faite après l'alerte donnée par des marchands se déplaçant en motos. Ils se plaignaient de l'absence étrange et inexpliquée de plusieurs membres de leur groupe et avaient indiqué avoir localisé une maison où des cadavres gisaient sur le sol, selon la porte-parole de la police.

Un journal local d'Ibadan, le Sunday Tribune - plus ancien journal privé nigérian - a publié en une la photo d'une femme hagarde, très amaigrie, vraisemblablement kidnappée dans l'État de Sedo en 2008 et désormais secourue par la police.

Le journal a également publié des photos montrant plusieurs corps décomposés, un homme agonisant et nu, des crânes, des papiers d'identité, des chaussures, des sacs et des vêtements éparpillés sur les lieux.

Le journal a affirmé qu'environ 15 personnes qui auraient pu avoir été enlevées ont été retrouvées enchaînées dans cet endroit. Interrogée à ce sujet, la porte-parole de la police a refusé de confirmer si des personnes avaient été retrouvées dans l'immeuble de huit étages.

Au Nigeria, certaines victimes d'enlèvement sont souvent torturées ou bien sacrifiées dans des rituels de magie noire.