Le nombre de Soudanais ayant besoin d'aide a augmenté de plus 40% en 2013, a indiqué mardi à Khartoum le directeur des opérations humanitaires de l'ONU, John Ging.

Quelque 6,1 millions de Soudanais ont besoin d'assistance, a-t-il dit à des journalistes, «une augmentation de plus de 40% comparé à l'année dernière à la même époque».

«Il y a des besoins immenses ici, et malheureusement, avec l'amplification du conflit, cela grandit», a-t-il dit après avoir accompagné une délégation au Soudan.

À peu près la moitié des Soudanais ayant besoin d'aide sont dans la région du Darfour (ouest), où plus de 100 000 personnes ont dû fuir leurs foyers cette année.

«Nous sommes inquiets car cela s'ajoute à un très grand nombre de personnes déplacées depuis longtemps», a dit M. Ging.

Le conflit au Darfour, une région aussi vaste que la France, a éclaté en 2003 entre milices pro-gouvernementales et rebelles réclamant la fin de la «marginalisation économique» de leur région et un partage du pouvoir avec le gouvernement de Khartoum.

Il a fait des centaines de milliers de morts, ainsi que plus de deux millions de déplacés, selon l'ONU.

Le reste du Soudan n'est pas épargné par les violences. Depuis trois ans, gouvernement et rebelles se battent au Kordofan-Sud et au Nil-bleu, dans le sud du pays, forçant 1,2 million de personnes à fuir.

Ces conflits ont joué un rôle important dans la chute de 38% de la production céréalière comparé à la moyenne des cinq dernières années, a indiqué Dominique Burgeon, de l'Organisation des Nations unies pour la nourriture et l'agriculture.

En conséquence, a-t-il dit, 3,3 millions de personnes manquent de nourriture. «Un nombre qui va augmenter».

Le Soudan compte quelque 34 millions d'habitants.

Les enfants soudanais, même ceux qui ne font pas partie des déplacés, sont confrontés à des situations «difficiles» notamment en raison de la malnutrition, a indiqué pour sa part Yasmin Haque, responsable à l'Unicef.

Selon elle, les estimations montrent que plus de 500 000 jeunes vont faire face à des problèmes de malnutrition.

M. Ging a indiqué que l'objectif de la visite de sa délégation au Soudan était d'explorer les moyens de répondre aux besoins d'aide au Soudan.

Il a dit à cette occasion qu'il n'était pas d'accord pour dire que le gouvernement soudanais entrave l'accès aux agences d'aide.

Nous avons eu «une discussion très constructive» avec le gouvernement au sujet de l'accès», a dit le responsable de l'ONU.

En février, Khartoum avait ordonné à la Croix-Rouge de suspendre ses activités au Soudan, l'accusant d'avoir agi hors de son mandat.

Ali Adam, responsable de la commission soudanaise de l'aide humanitaire, a estimé lors de la conférence de presse de l'ONU qu'«aucun gouvernement ne peut entraver l'aide humanitaire», ajoutant que son pays est un «partenaire de la communauté internationale».