L'Afrique du Sud a averti mercredi qu'elle n'entendait pas être le cadre de règlements de comptes politiques étrangers, après avoir expulsé des diplomates rwandais soupçonnés de vouloir éliminer des opposants au gouvernement en place à Kigali.

«Nous, le gouvernement sud-africain, nous voulons envoyer un avertissement très sévère à quiconque, partout dans le monde: notre pays ne peut pas être utilisé comme une base pour des activités illégales», a déclaré le ministre de la Justice Jeff Radebe à des journalistes au Cap.

Pretoria a expulsé la semaine dernière trois diplomates rwandais - ce à quoi Kigali a réagi en expulsant six Sud-Africains - et un diplomate burundais après un nouveau coup de main contre un adversaire de l'homme fort du Rwanda Paul Kagame.

M. Radebe a précisé que Pretoria avait déclaré «persona non grata des ressortissants du Rwanda et du Burundi qui ont violé» leurs devoirs diplomatiques.

«C'est la principale raison pour laquelle cette mesure a été prise, du fait d'activités illégales (...), des tentatives de meurtre, y compris un assassinat, de ressortissants rwandais qui sont en Afrique du Sud», a-t-il dit, selon l'agence sud-africaine de presse Sapa.

Un groupe d'hommes armés a attaqué la semaine dernière la maison du général Faustin Kayumba Nyamwasa, un ancien homme de confiance de M. Kagame devenu un opposant acharné, qui a déjà survécu à deux tentatives d'assassinat depuis qu'il est réfugié à Johannesburg.

Un autre opposant rwandais également exilé en Afrique du Sud, l'ancien chef du renseignement Patrick Karegeya, avait auparavant été retrouvé mort, étranglé dans un hôtel de Johannesburg le 1er janvier, dans des circonstances non élucidées.

L'ambassadeur du Rwanda en Afrique du Sud, Vincent Karega, s'est refusé mercredi à tout commentaire «jusqu'à ce qu'(il voit) le contenu des accusations».

«Il y a de très graves problèmes» entre les deux pays, a-t-il admis, estimant cependant que l'avertissement de Pretoria était «légitime».

«Aucun pays ne veut voir d'autres pays ou organismes étrangers agir de leur propre chef dans leur pays sans leur accord», a-t-il dit à l'AFP depuis Kigali où il est en vacances.

L'Afrique du Sud accueille de nombreux opposants rwandais, un point de désaccord récurrent entre les deux pays.

Après que M. Nyamwasa eut été blessé en 2010, Pretoria avait rappelé son ambassadeur à Kigali. Les agresseurs sont toujours en procès.