Deux Ougandaises, qui comparaissaient pour un litige financier les opposant, ont été condamnées à trois heures de prison pour «outrage à la Cour» parce qu'elles portaient des minijupes, interdites par une récente loi «anti-pornographie», ont rapporté vendredi un policier et un journal.

«Les gens dans la salle du tribunal étaient en colère de la façon dont ses femmes étaient habillées. Leurs robes étaient trop courtes et la juge (...) leur a dit que leur habillement ne convenait pas à un cadre public tel qu'une Cour et visait à corrompre les moeurs», a expliqué à l'AFP Issac Munene, un policier qui se trouvait jeudi au tribunal.

«La juge leur a dit que leur infraction tombait sous le coup de la loi anti-pornographie, mais étant primodélinquantes, qu'elle ne les condamnait qu'à une peine légère de trois heures d'emprisonnement, mais que si elles récidivaient, la peine serait plus lourde», a-t-il expliqué, précisant que les deux femmes avaient purgé leur peine dans les cellules du tribunal, avant d'être relâchées.

Selon le Daily Monitor, les deux femmes, en litige autour d'une dette impayée, sont arrivées en minijupe au tribunal de Bukomansibi, à quelque 150 km au sud-ouest de Kampala et ont «provoqué des murmures et des cris de la salle, les gens se demandant si les vêtements du duo n'étaient pas illégaux au regard de la récente loi anti-pornographie».

Le désordre a conduit la juge, Catherine Baguma, à faire arrêter les deux femmes pour «outrage à la Cour», estimant que «leur accoutrement distrayait l'attention du tribunal et qu'elle ne pouvait poursuivre l'examen de l'affaire, tant qu'elles porteraient des minijupes», selon le quotidien indépendant, qui ajoute que la juge a renvoyé leur affaire.

«Je n'ai pas entendu parler de cette affaire», a déclaré à l'AFP le ministre ougandais de l'Éthique et l'Intégrité, Simon Lokodo, mais si elles ont été incarcérées, cela signifie qu'elles étaient vêtues de manière indécente, ce qui est punissable aux termes de la nouvelle loi».

Ces femmes semblent être les premières condamnées au terme de nouvelle loi promulguée en février, qui interdit l'exhibition des organes sexuels, mais aussi des cuisses, seins et fesses, et prohibe les «attitudes suscitant l'excitation sexuelle», les vêtements jugés «provocants» et prive d'antenne les artistes trop légèrement vêtus.

Six hommes avaient été arrêtés fin février après avoir, en compagnie d'autres, arrêté dans la rue et déshabillé de force des femmes jugées trop légèrement vêtues au regard de la nouvelle loi.

Le président Yoweri Museveni, chrétien évangélique revendiqué, a en outre récemment promulgué une loi controversée durcissant la répression déjà sévère de l'homosexualité en Ouganda.