Des militants islamistes présumés ont tué au moins 58 élèves lors d'une attaque lancée très tôt mardi contre une école du nord-est du Nigeria.

Ils ont verrouillé les portes du dortoir où dormaient des garçons avant d'y mettre le feu. «Les élèves qui essayaient de sortir par les fenêtres ont été massacrés comme des agneaux par les terroristes qui leur ont tranché la gorge. D'autres qui ont couru ont été abattus», a affirmé l'enseignant Adamu Garba.

Un bilan précédent faisait état de 29 victimes.

M. Garba a expliqué que les assaillants avaient d'abord incendié le bloc administratif de l'école avant de se rendre aux dortoirs, qu'ils ont aussi incendiés après avoir emprisonné les élèves à l'intérieur. L'attaque a débuté vers 2h, mardi.

Les soldats qui surveillaient un point de contrôle près de l'école se sont mystérieusement volatilisés quelques heures avant l'attaque, a ajouté le porte-parole du gouverneur de l'État du Yobe, Abdullahi Bego.

Les filles ont été épargnées dans cette attaque, bien que des femmes aient déjà été abattues par les hommes du groupe Boko Haram, dont le nom signifie «l'éducation occidentale est interdite».

Ils se sont dirigés vers les dortoirs des filles et leur ont dit de rentrer chez elles, de se marier et de renoncer à une éducation occidentale qui, selon eux, va à l'encontre de l'Islam, a poursuivi M. Bego. Toutes les victimes étaient des adolescents ou des jeunes hommes. La plupart d'entre eux était âgé entre 15 et 20 ans, a-t-il précisé.

Les combattants de Boko Haram, qui ont fait des milliers de victimes dans leur lutte pour faire du Nigeria un État islamiste, s'en prennent de plus en plus souvent aux civils, qu'ils soient musulmans ou chrétiens. En février seulement, environ 300 personnes ont été tuées dans de telles violences.

Les autorités locales ont enterré le corps de 29 victimes tandis que 29 autres ont été transportées à l'hôpital de Damaturu, selon les dossiers de l'établissement et un reporter de l'Associated Press s'étant rendu à la morgue.

Onze survivants de cette attaque ont été hospitalisés pour soigner leurs blessures.

Le gouverneur Ibrahim Gaidam a critiqué les autorités pour ne pas avoir pu empêcher le massacre lorsqu'il s'est rendu visiter les ruines du Collège du gouvernement fédéral de Buni Yadi.

«Il est malheureux que nos enfants dans les écoles meurent en raison d'une protection inadéquate du gouvernement fédéral», a-t-il lancé, appelant le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, à déployer davatange de soldats dans la région.

M. Jonathan, qui ne commente que rarement ce genre d'attaques, a fait part dans un communiqué de son «immense tristesse» et de son «supplice». Il a promis que l'armée poursuivrait son combat contre le «terrorisme avec vigueur, diligence et détermination».

Cette école mixte se trouve à environ 70 kilomètres au sud de Damaturu, la capitale du Yobe. Six dortoirs, le bloc administratif, les logements du personnel, les salles de classe, une clinique et la cuisine ont été détruits.

M. Bego a ajouté que le gouverneur entendait demander pourquoi l'école a apparemment été laissée sans protection.

«La communauté s'est plainte au gouverneur que les militaires ont été retirés hier et puis l'attaque s'est produite», a-t-il dit.

La base militaire la plus proche compte une trentaine de soldats et se trouve à environ deux kilomètres de là. Les soldats dépêchés depuis Damaturu ne sont toutefois arrivés que vers midi, des heures après que les assaillants soient partis.

Il s'agit de la plus récente d'une série d'attaques imputées à Boko Haram, mais c'est la première à être rapportée dans l'État du Yobe et la première école à être ciblée cette année par des membres présumés de Boko Haram.