Au moins 60 personnes sont mortes à la suite de pluies diluviennes dans la nuit de dimanche à lundi à Bujumbura, de mémoire le plus lourd bilan lié à des intempéries jamais enregistré dans la capitale burundaise.

«Nous avons enregistré jusqu'ici 60 personnes tuées par ces intempéries,» dans la capitale et sa périphérie immédiate, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Croix-Rouge burundaise, Alexis Manirakiza. «Ce sont surtout les enfants qui sont victimes», a-t-il ajouté, sans pouvoir dire combien d'entre eux avaient péri.

Un précédent bilan donné par le ministre de la Sécurité publique, le général Gabriel Nizigama, faisait état de 51 personnes tuées «par l'effondrement de leur maison ou emportées» par des crues. «La pluie qui s'est abattue cette nuit sur la capitale et ses environs a causé une véritable catastrophe naturelle», avait ajouté le ministre.

Il s'exprimait dans un commissariat du nord de la ville, la zone la plus touchée par les intempéries, où un journaliste de l'AFP a pu voir 27 cadavres recouverts de draps blancs, dont ceux de nombreux enfants.

De mémoire, selon la police, jamais la capitale n'avait enregistré autant de morts dans des intempéries. Mais les autorités craignent que le bilan ne s'alourdisse encore fortement, notamment car les informations sont encore parcellaires sur la situation dans d'autres provinces - le Burundi est actuellement dans sa «petite» saison des pluies.

«On a parlé de la capitale jusqu'ici, mais cette catastrophe a touché également les provinces de Cibitoke, Bubanza et Bujumbura rural», au nord et au sud de Bujumbura, a ajouté le porte-parole de la Croix-Rouge.

À Bujumbura seule, désormais privée de ses principaux connexions routières avec l'extérieur, la Croix-Rouge a aussi dénombré 81 blessés et plus de 400 maisons effondrées. Parlant de dégâts inégalés dans la capitale, le maire, Saïdi Juma, a appelé «à la solidarité nationale et internationale».

Les quartiers populaires de Kamenge, Kinama et Buterere sont les plus touchés. Les maisons y sont souvent construites en fragiles briques de terre séchée qui n'ont pas résisté aux inondations et autres coulées d'eau et de boue venues des collines environnantes.

Axes routiers vitaux coupés

À Kinama, un cours d'eau a notamment débordé. Au vu des marques sur les maisons, l'eau est ici montée à hauteur d'homme, jusqu'à 1m60 ou 1m70 par endroits. À la mi-journée, l'eau était largement redescendue, mais les lieux offraient un paysage de désolation, avec de nombreuses maisons rasées.

Zawadi, une mère de cinq enfants, allaitait lundi son bébé de cinq mois sur les ruines de sa maison. Autour d'elle, ne restaient que des habits éparpillés et quelques bidons de plastique.

«Dans la nuit, j'ai entendu les enfants crier», raconte-t-elle. Dans leur chambre, elle les a trouvés debout sur le lit, déjà totalement recouvert d'eau.

Comme elle, son mari et ses enfants s'en sont sortis. Mais un peu plus loin, des voisins ont eu moins de chance : toute la famille - les parents et leurs trois enfants - est morte, dit-elle.

Le ministre de la Sécurité publique, accompagné sur le terrain d'autres membres du gouvernement, a promis de l'aide alimentaire aux victimes et assuré que l'État prendrait en charge les frais d'enterrement et de relogement.

Des pluies diluviennes sont tombées sur Bujumbura pendant une bonne dizaine d'heures dans la nuit, provoquant également des coupures d'électricité et d'eau dans une grande partie de la ville.

Deux axes majeurs reliant la capitale à la République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda ont par ailleurs été coupés. Le premier juste à la sortie ouest de la ville, à la suite de l'effondrement d'un pont, le second à une dizaine de kilomètres au nord-ouest, par des éboulements.

Ces routes commerciales sont essentielles à l'économie burundaise. Tous les jours, des centaines de véhicules transportent des marchandises via l'axe ouest en direction de la RDC. Également quotidiennement, des dizaines de camions-remorques empruntent le second, en direction du centre du pays, puis du Rwanda, du Kenya, de l'Ouganda et de la Tanzanie.

Lundi à la mi-journée, la situation était chaotique aux alentours du pont effondré : des piétons pouvaient encore traverser, mais quelque 200 véhicules étaient bloqués de part et d'autre des restes de l'édifice.