Onze jihadistes ont été tués et un soldat français a été blessé lors d'une opération de «contre-terrorisme» des forces françaises dans le nord du Mali, toujours confronté à l'insécurité un an après le début d'une intervention internationale contre les islamistes armés.

Ces développements sur le terrain militaire ont été annoncés vendredi, deux ans jour pour jour après le massacre de plusieurs dizaines de soldats maliens à Aguelhoc, localité de la région de Kidal (extrême nord-est) où s'est rendu le ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga pour une cérémonie de commémoration.

Selon une source militaire malienne jointe vendredi par l'AFP, l'opération de «contre-terrorisme» lancée dans la nuit de mercredi à jeudi s'est déroulée à une centaine de kilomètres au nord de Tombouctou, chef-lieu de région à plus de 900 km de Bamako, la capitale.

Elle «est terminée. Onze terroristes ont été tués, un soldat français a été blessé mais ses jours ne sont pas en danger», a affirmé à l'AFP à Bamako un responsable de Serval, intervention militaire lancée par la France en janvier 2013 contre les jihadistes au Mali, et toujours en cours.

L'information a été confirmée par une source militaire malienne, qui a salué un «bon boulot» des Français. «Les jihadistes venus notamment de la Libye se réorganisaient pour occuper le terrain et s'installer durablement», a-t-elle indiqué.

Jeudi à Paris, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian avait évoqué cette opération de «contre-terrorisme» en faisant état de deux zones d'intervention.

«On intervient pour cibler des groupes en reconstitution sur deux théâtres, à la fois aux environs de Tombouctou et dans l'Adrar des Ifoghas (dans la région de Kidal)», avait-il affirmé.

Une source militaire africaine au sein de la force de la Minusma, la Mission de l'ONU au Mali, avait de son côté indiqué que «des moyens aériens et terrestres» avaient été mobilisés.

Selon elle, «ce n'est pas la plus importante opération militaire depuis la reprise des villes» du nord du Mali ayant été occupées pendant plusieurs mois en 2012 par les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, «mais c'est une opération militaire nécessaire pour que les terroristes ne se reconstituent pas».

Les jihadistes ont été affaiblis par l'intervention des forces françaises et de leurs alliés africains mais ils demeurent actifs, commettant à intervalles réguliers des attaques meurtrières.

Pas d'impunité pour «le massacre d'Aguelhoc»

Vendredi dans les services publics et garnisons militaires au Mali, les drapeaux ont été mis en berne pour commémorer «le massacre d'Aguelhoc», selon l'armée malienne.

Le 24 janvier 2012, des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) associés à des islamistes armés, qui menaient depuis quelques semaines des attaques contre l'armée malienne dans le Nord, ont tué plusieurs dizaines de soldats.

«Nous y avons perdu une centaine d'éléments», a déclaré le ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga à la télévision publique ORTM, s'exprimant sur le site même du massacre. «L'acte ne restera pas impuni», a-t-il dit.

La commémoration du massacre des soldats a également été marquée par des prières vendredi après-midi à Kati, ville-garnison à 15 km de Bamako, où a été inaugurée le 20 janvier une stèle dédiée aux «morts pour le Mali» et se poursuivra dimanche par «des offices religieux» dimanche dans les églises.

L'intervention contre les jihadistes a permis au Mali de retrouver la stabilité politique, notamment avec l'organisation d'élections présidentielle et législatives durant le deuxième semestre de 2013.

Mais le pays doit encore réussir le pari de la paix avec les rebelles touareg et arabes, dont des groupes armés restent présents dans le Nord, notamment à Kidal. Malgré un accord préliminaire de paix signé en juin dernier entre Bamako et ces mouvements, le processus de discussions reste au point mort.

Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé le gouvernement malien à accélérer la réconciliation politique avec les rebelles, tandis que le représentant de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, a exhorté les Maliens à «aller plus loin dans le processus de réconciliation».