La nouvelle présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba-Panza, a annoncé mardi sur Radio France Internationale qu'elle nommerait son premier ministre «mercredi ou jeudi», et jugé «tenable» le calendrier de la transition qui prévoit des élections en février 2015.

Le premier ministre «sera nommé d'ici deux ou trois jours», «mercredi ou jeudi», a déclaré Mme Samba-Panza, 59 ans. La maire de Bangui a été élue lundi à la tête de l'État par le parlement de transition 11 jours après la démission de Michel Djotodia, incapable de mettre fin aux tueries interreligieuses.

«Je n'ai aucune animosité, je cherche des compétences, je veux un gouvernement de technocrates, avec une forte probité morale. Si j'ai un premier ministre qui répond à ces critères et qui a une religion musulmane, je ne vois pas pourquoi je ne le nommerais pas», a déclaré Mme Samba-Panza, qui est de confession chrétienne.

«De par mes activités en tant que maire de la ville de Bangui, j'ai eu à être en contact autant avec certains chefs de la Séléka (ancienne rébellion à forte majorité musulmane) que des anti-balaka (milices chrétiennes). Ce sont des gens qui me font confiance et maintenant que je suis à la tête de l'Etat, nous pourrons certainement envisager quel type de dialogue on pourrait instaurer pour détendre un peu l'atmosphère politique et militaire», a-t-elle estimé.

Interrogée sur la durée de la transition, alors que la Centrafrique est plongée dans le chaos depuis le coup d'État de mars 2013, Mme Samba-Panza a jugé que «le calendrier initialement prévu de février 2015 est tenable».

Mais selon elle, «toute précipitation pourrait être préjudiciable en raison (des risques) de contestation des résultats» des élections. «L'administration est complètement à terre, le problème de l'état-civil est très sensible en ce moment, je pense que toute précipitation est à éviter», a-t-elle dit, alors que la France avait souhaité des élections avant la fin 2014.

«Je pense que certains partenaires envisageaient de raccourcir ce délai simplement parce qu'il y avait des problèmes au sommet de l'État, mais maintenant la donne a changé», a-t-elle affirmé.

«La population voulait une rupture», a-t-elle dit pour expliquer son élection. «La population ne voulait plus d'hommes politiques, j'ai senti parmi la population ce désir d'avoir une femme qui puisse apaiser, réconcilier. (...) La population centrafricaine voulait une femme à la tête de ce pays pour rompre un peu avec le mode de gouvernance qui a prévalu jusque-là».

Née au Tchad d'un père camerounais et d'une mère centrafricaine, Mme Samba-Panza s'est décrite comme «un pur produit de l'intégration sous-régionale». «J'appartiens à trois pays même si je n'ai qu'une seule nationalité. Ce brassage culturel m'enrichit et m'interdit toute xénophobie», a-t-elle déclaré.