Soumis à de fortes pressions internationales pour élire vite un président de transition capable d'incarner la paix et remettre le pays sur les rails, les «parlementaires» centrafricains peinaient mercredi à s'entendre sur le profil idéal du candidat et l'élection prévue samedi pourrait être repoussée.

Le temps presse pourtant, dans un pays éprouvé par un an de chaos et de violences et où le climat reste extrêmement tendu. Si la situation se normalise chaque jour un peu plus à Bangui, quadrillée par les forces internationales, le reste du pays reste essentiellement livré à lui-même.

Dans la capitale, un semblant d'administration a repris, la sécurité s'est largement améliorée mais, selon des habitants, «ça tue toujours en douce dans les quartiers», et les dizaines de milliers de déplacés ayant fui les violences ne sont pas rentrés chez eux, attendant de savoir quel prochain président sortira du chapeau.

Mercredi après-midi, les parlementaires se sont séparés sans accord sur les fameux critères d'éligibilité du futur président de transition et reprendront leurs travaux jeudi matin, «ce qui risque de décaler le calendrier», selon Léa Kouyassoum Doumta, qui assure la présidence du Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire).

«L'élection pourrait se tenir dimanche ou lundi», a-t-elle ajouté. En vertu de la charte constitutionnelle de transition, le CNT, qui a ouvert mardi sa session spéciale, a 15 jours pour procéder à l'élection.

Selon le calendrier initialement prévu, les candidatures devaient être enregistrées jeudi et l'élection se tenir samedi.

Le principal point d'achoppement porte sur la demande officielle de la communauté internationale d'exclure de la candidature les 135 membres du CNT, afin de marquer une rupture avec la période Djotodia.

Michel Djotodia, porté au pouvoir en mars 2013 par une rébellion hétéroclite, la Séléka, a été contraint au départ vendredi par la communauté internationale excédée par son incompétence et son incapacité à mettre fin aux tueries interreligieuses qui ont ensanglanté la Centrafrique depuis des mois.

«Une gageure»

Pour les partenaires occidentaux et africains de la RCA, qui interviennent militairement dans le pays et financent un État quasiment failli, le profil du futur exécutif de transition est: «un président technique, un gouvernement restreint, avec des responsables compétents à la tête des ministères régaliens», selon un diplomate occidental.

«Il y a des exigences des bailleurs de fonds, de la CEEAC (Communauté économique des États d'Afrique centrale). Ils nous donnent des 'avis', mais on a quand même l'impression qu'on nous tord le bras», estime un membre du CNT sous couvert de l'anonymat.

Les autres critères d'éligibilité discutés, adoptés la veille par le bureau national, l'organe dirigeant du CNT, interdisent aussi la candidature de toute personne ayant été membre d'une rébellion ou d'une milice au cours des 20 dernières années, «ce qui fait du monde en Centrafrique», glisse un délégué, parlant d'une «gageure».

Des propositions ont également été faites pour exclure les militaires et les dirigeants de partis politiques de la course à la présidence, selon une autre source parlementaire.

«Moi, je crois qu'il n'y a que trois critères importants: courage, intégrité, indépendance», selon Léonard Sonny, représentant les professions libérales au sein du CNT.

Premier à avoir fait les frais de la pression internationale, l'actuel chef de l'État par intérim et président du CNT, Alexandre-Ferdinand Nguendet, a confirmé mercredi qu'il ne se présenterait pas afin de «favoriser un climat serein».

Par ailleurs, l'Union africaine a appelé les pays de la région des Grands Lacs, réunis en sommet à Luanda, à renforcer la force africaine en Centrafrique (Misca) actuellement déployée dans le pays pour y ramener la paix.

La Misca compte actuellement 4500 hommes, l'UA peinant à réunir davantage d'effectifs.