L'administration à Bangui est totalement paralysée par le conflit centrafricain qui a fait des dizaines de milliers de déplacés malgré les appels à la reprise du travail lancés par le gouvernement, a-t-on appris mardi de source officielle.

«J'ai fait un tour des différents départements ministériels, mais c'est la désolation. Les fonctionnaires et agents de l'État ont peur pour leur vie, leur sécurité. Ils ne sont pas venus au travail. Je les comprends. Beaucoup vivent dans des situations difficiles, loin de leurs maisons, de leurs familles ou proches», a déclaré à la presse le ministre de la Fonction publique, Gaston Mackouzangba.

«Il y a des collègues ministres qui souhaitent que les forces de l'opération Sangaris et de la Misca assurent la sécurité des édifices publics pour permettre la reprise des activités. Les démarches sont en cours», a-t-il ajouté.

Comme de nombreux Banguissois, les fonctionnaires ont souvent quitté leur foyer, pour fuir les violences dans leurs quartiers. «Je suis sur le site (de déplacés) de l'aéroport. Ma famille quant à elle se trouve encore au PK-1O (quartier du nord de la ville). Je suis sans argent, je vis de l'aide alimentaire. Comment pourrais-je me rendre au travail?», a expliqué à l'AFP Eloi Sadéka, fonctionnaire au ministère de la Santé.

«J'ai fui sans mes effets et je me suis retrouvé à la paroisse Saint-Sauveur. Mon épouse et les enfants sont à Miskine au nord (...) Avec quels habits, et quels effets vais-je me présenter à mon lieu de service? C'est impossible. Nous avons besoin de la sécurité pour regagner d'abord nos domiciles avant de parler reprise», selon un enseignant, Stève Monganga.

La Centrafrique est plongée dans un engrenage de violences communautaires et inter-religieuses depuis le renversement, en mars 2013, du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka.

Le 5 décembre, la France a lancé en Centrafrique l'opération militaire Sangaris mais peine à restaurer la sécurité.

En moins d'un mois, un millier de personnes ont été tuées par balles ou à l'arme blanche. D'après l'ONU, près d'un million de personnes ont fui leurs foyers depuis fin mars 2013.

Mardi, un calme relatif régnait dans la capitale centrafricaine. Les activités semblaient reprendre progressivement dans les marchés, banques et taxis, à l'exception du quartier Gobongo (nord), où la circulation reste interrompue à cause de la présence de miliciens anti-balaka le long de la route, a constaté un journaliste de l'AFP.