Barack Obama a mis en garde la rébellion au Soudan du Sud, où quatre soldats américains ont été blessés samedi, que le soutien de Washington cesserait en cas de coup de force, au septième jour des combats entre l'armée et les hommes de l'ancien vice-président entré en rébellion.

Le président américain, qui avait déjà prévenu jeudi que le Soudan du Sud était «au bord du précipice», a «souligné l'urgence qu'il y avait à aider à régler, par le dialogue, les différends» au sein du pays dont la population est divisée entre plusieurs ethnies.

Mais à l'adresse des partisans rebelles de Riek Machar, M. Obama a aussi prévenu qu'en cas de tentative de prise de pouvoir par la force, le soutien des États-Unis cesserait pour cette jeune nation née il y a plus de deux ans de la partition du Soudan.

Son secrétaire d'État John Kerry a de son côté prévenu le président sud-soudanais Salva Kiir que la poursuite des combats mettait en péril l'indépendance de cette jeune nation née en juillet 2011, avec le principal soutien des États-Unis.

Sur le terrain, les troupes gouvernementales, appuyées par des hélicoptères, marchaient samedi vers la ville de Bor, à 200 km au nord de Juba, contrôlée depuis jeudi par les partisans rebelles de Riek Machar, a indiqué un porte-parole de l'armée.

C'est près de cette ville que des aéronefs américains, «trois CV-22 Ospreys» (des appareils hybrides mi-avion, mi-hélicoptère) ont été touchés par des tirs d'«armes légères» alors qu'ils tentaient de se poser pour évacuer des citoyens américains, selon le Pentagone.

«Les trois appareils ont subi des dégâts dans l'incident et quatre soldats à bord ont été blessés», selon le communiqué de l'armée américaine.

Les appareils sont repartis en Ouganda et les blessés, «dans un état stable», ont été ensuite évacués vers Nairobi, au Kenya, pour y être soignés.

Depuis le 15 décembre, un conflit armé a éclaté entre l'ancien vice-président Riek Machar et le président sud-soudanais Salva Kiir, déchirant le plus jeune Etat de la planète, indépendant depuis 2011 après une longue guerre civile contre le Soudan.

Dans la seule capitale Juba, les combats ont fait au moins 500 morts et on compte plusieurs dizaines de milliers de personnes déplacées à travers le pays, un bilan très partiel.

L'armée avance sur Bor

Malgré les appels au dialogue, l'option militaire prévalait samedi.

«Nous avançons sur Bor (...) il y a des combats, mais nous sommes aidés par des unités aériennes», a déclaré samedi le porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), Philip Aguer.

Bor est la capitale de l'État de Jonglei, l'une des régions les plus explosives de la jeune nation.

M. Aguer a démenti des informations selon lesquelles l'armée ougandaise voisine, qui avait envoyé des troupes vendredi à Juba pour sécuriser la capitale et permettre l'évacuation de milliers de ses ressortissants, participe aux combats contre Riek Machar.

Il a également souligné que l'État-clé d'Unité, producteur de pétrole, était sous le contrôle du gouvernement, précisant cependant qu'il y avait eu des combats pendant la nuit dans Bentiu, capitale de cet État.

La perte des champs pétroliers de l'État d'Unité serait une lourde défaite pour le gouvernement de Juba.

Le Kenya évacue ses ressortissants

Après l'Ouganda vendredi, le président kényan Uhuru Kenyatta a décidé d'envoyer des soldats pour «commencer immédiatement l'évacuation des 1600 Kényans se trouvant au Soudan du Sud», a annoncé la présidence.

Le Foreign Office a annoncé de son côté samedi qu'il allait organiser un «troisième et dernier» vol pour évacuer les ressortissants britanniques du Soudan du Sud.

Face à la recrudescence des violences (une dizaine de civils et deux Casques bleus indiens ont été tués jeudi), l'ONU et les États-Unis ont de nouveau appelé au dialogue.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki Moon a réclamé dimanche la fin immédiate des violences, qui mettent en danger, selon lui, l'avenir de ce jeune pays.

Il a appelé le président et son rival, l'ancien vice-président, à «trouver une sortie politique de cette crise». «Je les appelle à faire tout leur possible pour s'assurer que leurs sympathisants entendent bien ce message», a-t-il ajouté.

Dans une déclaration unanime, mais non contraignante, le Conseil de sécurité avait déjà appelé vendredi Salva Kiir et Riek Machar, dont la rivalité politique a provoqué une vague de violences entre leurs deux communautés, Dinka et Nuer, «à lancer un appel à la cessation des hostilités et à l'ouverture immédiate d'un dialogue».

Washington avait de con côté dépêché vendredi son envoyé spécial dans la région, l'ambassadeur Donald Booth.

Le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, qui dirige une délégation de médiation africaine de cinq États, a déclaré, après avoir rencontré vendredi les deux rivaux, que les discussions étaient «très productives».

L'ONU a recensé 14 lieux du pays où ont été rapportés des combats, des troubles civils ou des tensions importantes.

Selon Ban Ki Moon, jusqu'à 40 000 personnes ont trouvé refuge dans des camps des Nations Unies à travers le pays, en quelques jours.

Environ 200 employés du secteur pétrolier ont également trouvé asile auprès de l'ONU à Bentiu, dont un champ pétrolier a été attaqué, faisant cinq morts parmi les employés sud-soudanais.

À Juba, de nombreux habitants, affolés par des tirs intermittents tout au long de la nuit, prenaient d'assaut samedi la station d'autocars pour fuir la capitale, a constaté un photographe de l'AFP.

Au sud de Juba, sur la route vers l'Ouganda, voitures, pick-up, bus, camions surchargés de voyageurs et de matériel formaient une longue procession.

Ban Ki Moon appelle les factions rivales à cesser les violences

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki Moon a réclamé dimanche la fin immédiate des violences au Soudan du Sud, qui mettent en danger, selon lui, l'avenir de ce jeune pays.

«Je demande à ce que tous les dirigeants politiques, militaires et des milices cessent les hostilités et mettent fin à la violence contre les civils», a déclaré Ban Ki Moon à la presse, depuis les Philippines où il achève une visite de deux jours.

Il a appelé le président sud-soudanais, Salva Kiir, et son rival, l'ancien vice-président Riek Machar, à «trouver une sortie politique de cette crise». «Je les appelle à faire tout leur possible pour s'assurer que leurs sympathisants entendent bien ce message», a-t-il ajouté.

«La violence continue, qu'elle soit ethnique ou autre, est totalement inacceptable et représente une menace dangereuse pour l'avenir de leur jeune pays», a souligné le secrétaire général.