Plus de 7,9 millions d'électeurs malgaches sont appelés aux urnes vendredi pour le second tour d'une présidentielle incertaine qui doit permettre de sortir le pays de la grave crise dans lequel il est plongé depuis le renversement du président Marc Ravalomanana en 2009.

Ni M. Ravalomanana, ni Andry Rajoelina, qui l'a chassé du pouvoir il y a près de cinq ans, n'ont pu se présenter. Mais ils s'affrontent par candidats interposés, le médecin (et ancien ministre de la Santé) Robinson Jean Louis pour l'un, et le comptable (et ancien ministre des Finances) Hery Rajaonarimampianina pour l'autre.

Les Malgaches doivent également désigner 151 députés, les 20 001 bureaux de vote du pays devant ouvrir leurs portes dès 6h00 (22h00, jeudi, heure de Montréal) et fermer à 17h00 (9h00), et peut-être plus tard s'il y a trop de monde. La journée, qui s'annonce pluvieuse, a été déclarée fériée pour cette double élection, présidentielle et législative.

Le scrutin est pour beaucoup l'indispensable premier pas qui permettra de sortir de la grave crise politique, économique et sociale dans laquelle Madagascar, mis au ban des nations, est plongé depuis l'éviction de M. Ravalomanana.

Les premières tendances devraient se dessiner ce week-end. Faute de sondages, il est difficile de connaître les véritables aspirations des électeurs, qui ont voté à plus de 50% pour des candidats issus du camp Rajoelina au premier tour en octobre.

Mais ces derniers n'ont pas tous appelé à voter pour M. Rajaonarimampianina vendredi, alors que le camp de Marc Ravalomanana - qui vit en exil en Afrique du Sud, après avoir présidé Madagascar de 2002 à 2009 - s'est rassemblé autour de Robinson Jean Louis, à qui se sont également ralliés quelques transfuges.

Les deux partent d'assez loin, MM. Jean Louis et Rajaonarimampianina ayant réuni respectivement 25,16% et 15,85% en octobre.

Les autorités malgaches assurent que les cafouillages du premier tour ont été réglés, et quelque 169 000 personnes qui avaient été exclues des listes électorales au premier tour alors qu'elles avaient été recensées l'an dernier ont été réintégrées.

Les partisans de MM. Ravalomanana et Jean Louis ne cessent cependant de répéter qu'ils craignent des fraudes.

En attendant, la Cour électorale spéciale a provoqué la surprise en invalidant mercredi soir un décret qui autorisait sous certaines conditions Andry Rajoelina à faire campagne... alors que la campagne était pour ainsi dire achevée.

Des experts interrogés par l'AFP ont estimé que la décision de la CES n'aurait aucune conséquence légale même si des recours seront sans doute déposés.

Comme au premier tour, les forces de l'ordre ont annoncé qu'elles seraient présentes en masse pour éviter tout débordement.