Au moins 21 personnes, dont des enfants, ont été tuées, et certains corps mutilés dans une attaque d'une «extrême brutalité» dans l'est de la République démocratique du Congo, a dénoncé la Mission de l'ONU dans un communiqué publié lundi soir.

«Les victimes, dont des femmes et des enfants - dont le plus jeune serait âgé de quelques mois seulement - auraient été tués pour la plupart par arme blanche, le 13 et 14 décembre», dans les villages de Musuku et Mwenda, situés dans le territoire de Béni, dans la province du Nord-Kivu, selon le communiqué.

«Trois filles mineures auraient été violées par les assaillants avant d'être décapitées. Le corps mutilé et démembré d'un enfant aurait aussi été retrouvé sur un arbre, dans le village de Musuku», est-il précisé.

La Monusco ne cite pas les auteurs présumés de l'attaque.

Mais le mouvement le plus représentatif de la province, la «Société civile du Nord-Kivu» estime dans un communiqué que «le carnage a été perpétré par les rebelles ougandais de l'ADF-Nalu» (Forces alliées démocratiques-Armée nationale pour la libération de l'Ouganda).

La Société civile (regroupant associations, ONG, syndicats...) appelle l'armée congolaise et la Monusco à lancer «les opérations de traque contre les (...) ADF-Nalu, en vue de libérer la zone».

La Monusco, qui a demandé l'ouverture d'une enquête «dans les plus brefs délais», a indiqué qu'elle avait renforcé ses patrouilles dans les zones et qu'elle utiliserait «tous les moyens nécessaires pour assurer la protection des populations».

Le chef de la Monusco, Martin Kobler, cité dans le communiqué de la Mission, a exprimé son «profond dégoût».

«Ces atrocités ne resteront pas impunies, les auteurs ne connaîtront pas de répit tant qu'ils n'auront pas répondu de leurs actes devant la justice», a-t-il dit.

2000 réfugiés centrafricains

Près de 2000 réfugiés centrafricains sont arrivés lundi dans le nord de la République démocratique du Congo, bravant la fermeture de la frontière côté centrafricain pour fuir les violences qui secouent leur pays depuis le 5 décembre, a-t-on appris auprès du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

«Malgré la fermeture de la frontière de la Centrafrique, 1.815 réfugiés sont arrivés aujourd'hui à Zongo», une ville congolaise qui fait face à la capitale centrafricaine Bangui, de l'autre côté du fleuve Oubangui, a déclaré à l'AFP Céline Schmitt, porte-parole du HCR à Kinshasa.

La RDC laisse entrer les réfugiés qui arrivent à traverser le fleuve Oubangui. «Ils sont 3212 depuis le 5 décembre. Il s'agit surtout des femmes et d'enfants. (...) Ils fuient malgré le risque de se faire tirer dessus par des hommes en armes du côté centrafricain», a ajouté Mme Schmitt.

«Ils disent qu'ils fuient l'horreur à Bangui, les exactions. Ils ajoutent que les personnes qui sont à l'aéroport cherchent désespérément à rejoindre Zongo. Ceci laisse entendre qu'il pourrait y avoir un afflux beaucoup plus important une fois la frontière ouverte», a-t-elle précisé.

Mme Schmitt indique que le camp de Mole, à Zongo, compte près de 5.600 réfugiés centrafricains et que près de 20.000 personnes sont désormais établies dans les quatre camps de réfugiés centrafricains de la RDC.

En tout, près de 47 000 réfugiés de Centrafrique sont recensés en terre congolaise.

Nombre de ces réfugiés sont arrivés avant la crise actuelle.

L'ex-rébellion Séléka a pris le pouvoir en mars, chassant le président François Bozizé. Jusqu'à cette prise de pouvoir  de la Séléka --coalition hétéroclite de groupes armés--, chrétiens et musulmans vivaient en bonne entente dans ce pays très pauvre de 4,5 millions d'habitants, chrétien à 80%.

Les hommes de la Séléka se sont depuis rendus coupables d'une multitude d'exactions --vols, pillages, exécutions-- contre les populations chrétiennes qui ont soif de vengeance et assimilent désormais tous les musulmans à l'ex-rébellion.

Le 5 décembre, des milices infiltrées parmi la population avaient lancé une offensive sanglante dans Bangui sur des positions de l'ex-Séléka et des quartiers musulmans.

Ces violences ont précipité l'intervention militaire de la France, lancée le soir-même après un feu vert de l'ONU, et qui mobilise près de 1600 hommes déployés pour la plupart dans la capitale.