Nelson Mandela, dont la vie fut accaparée par la politique, n'eut jamais de temps pour les femmes. Mais, charmeur et facilement charmé, il rechercha toujours leur compagnie, comme en témoignent maintes idylles et trois mariages.

Ses deux premières unions cédèrent sous les pressions et les sacrifices de la lutte contre l'apartheid. C'est à 80 ans, homme libre, président semi-retraité et amoureux comme un gamin, que Mandela parut enfin trouver, au bras de Graça Machel, la paix et la sérénité.

La vie politique du jeune Nelson Rolihlahla Mandela commença peut-être par la fuite devant une femme: celle que le régent de son clan, dans le Transkei (sud-est), voulut lui faire épouser en 1941, à l'âge de 22 ans.

«Ma future femme n'avait sans doute pas plus envie d'être embarrassée de moi que moi d'elle», écrivit-il.

Aussi Mandela et un ami, Justice, s'enfuirent-ils une nuit pour Johannesburg et ses mirages de richesse et d'émancipation.

L'apprenti-avocat Mandela, grâce à Walter Sisulu qui allait devenir son mentor, y fit son éducation politique et y découvrit l'amour. Chez les Sisulu, il rencontra Evelyn Mase, «une jeune fille belle et calme qui arrivait de la campagne».

Ils se marièrent en 1944 et eurent deux fils, Thembi et Makgatho, et deux filles, Makaziwe - morte à neuf mois en 1948 - et Pumla Makaziwe.

Mais Mandela, désormais un des jeunes fers de lance de l'ANC, était consumé par le militantisme, constamment absent. Evelyn, de plus en plus attirée par la religion, finit par quitter le domicile conjugal en 1955.

Deux ans et quelques militantes plus tard, Mandela rencontra Nomzamo Winnifred Madikizela, séduisante assistante sociale de 21 ans. Instantanément, éperdument, il en tomba amoureux.

«Je ne sais pas si quelque chose comme l'amour peut naître au premier regard, mais je sais parfaitement qu'au moment même ou j'ai vu Winnie Nomzamo, j'ai voulu l'avoir pour femme», écrivit-il dans son autobiographie, «Un long chemin vers la liberté».

Ingénue et passionnée, Winnie laissa Mandela lui «faire la cour et (la) politiser en même temps». Elle l'épousa en 1958, adopta en même temps sa lutte et ses amis.

Le couple eut deux filles, Zenani et Zinzi, au cours de cinq années effrénées de militantisme, entre arrestations et procès.

Les vingt-sept années de détention qui ont suivi la dernière arrestation de Mandela en 1963 furent fatales à cette union, en dépit d'émouvantes lettres d'amour et de soutien.

Depuis sa cellule, Mandela continuait à se consacrer à l'ANC. Winnie, devenue figure emblématique de la résistance populaire, s'enivrait de sa propre aura, au point de devenir, dans le Soweto militant des années 1980, une terreur entourée d'un sombre cercle d'hommes de main.

L'image de Winnie tenant la main de Mandela au jour de sa libération, le 11 février 1990, masquait la réalité. Bientôt jugée pour enlèvement et complicité dans le meurtre d'un jeune activiste de l'ANC, Winnie était devenue un embarras pour le parti au pouvoir. Le couple divorça en 1996.

Mandela président n'a jamais raté une occasion de rencontrer de jolies femmes: les Miss Afrique du Sud, des mannequins internationaux comme Naomi Campbell ou encore l'actrice sud-africaine Charlize Theron.

L'amour allait de nouveau happer Mandela. En 1990, peu après sa libération, il rencontra à Maputo Graça Machel, veuve du président mozambicain Samora Machel tué dans un accident d'avion en 1986 que le régime d'apartheid est soupçonné d'avoir orchestré.

Progressivement, il tomba amoureux de cette femme de 27 ans sa cadette. Le couple s'afficha peu à peu en public, comme au mariage du président zimbabwéen Robert Mugabe où on les vit s'embrasser en 1996.

Incapable de cacher son bonheur, Mandela s'épancha dans la presse sur «le merveilleux sentiment d'être amoureux». Ils se marièrent le 18 juillet 1998, le jour de ses 80 ans.