Le président de Centrafrique, Michel Djotodia, a déclaré publiquement jeudi être «en train de négocier» avec le chef de la rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), Joseph Kony, recherché pour crimes contre l'humanité et qui «veut sortir de la clandestinité».

«C'est vrai, Joseph Kony veut sortir de la clandestinité. Nous sommes en train de négocier avec lui. Il a demandé à être fourni en nourriture, le gouvernement s'est occupé de cela», a ajouté M. Djotodia lors d'une rencontre à Bangui avec des représentants des partis politiques.

«Je ne peux pas crier sur les toits que nous discutons encore avec lui», a ajouté M. Djotodia qui s'exprimait en langue nationale sango au cours de cette rencontre organisée au palais présidentiel.

«Il y a plus de 7000 personnes avec lui», a affirmé le président Djotodia, sans fournir aucune indication sur l'endroit où se trouve le chef rebelle, dont le mouvement s'est forgé en 25 ans une effroyable réputation à force d'enlèvements d'enfants et de mutilations de civils à grande échelle.

Mercredi, le représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique centrale Abou Moussa avait indiqué que les autorités de Bangui «pensaient qu'il était en République centrafricaine».

Le président centrafricain «nous a dit qu'il était en contact» avec Kony et qu'il lui avait fourni «des sacs de nourriture» à sa demande, avait ajouté M. Moussa.

Selon M. Moussa, les effectifs de la LRA sont tombés à «500 combattants, peut-être même moins».

En 2005, Joseph Kony est devenu, en compagnie de quatre de ses adjoints, le premier suspect inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) qui a délivré un mandat d'arrêt international contre eux pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, dont meurtres, viols, esclavagisme, enrôlement d'enfants.

La LRA était active dans le nord de l'Ouganda depuis 1988, mais ses combattants ont essaimé depuis 2005 dans le nord-est de la République démocratique du Congo, ainsi qu'en Centrafrique et au Soudan du Sud.

Selon un récent rapport de l'ONU, la LRA a tué plus de 100 000 personnes en Afrique centrale ces 25 dernières années. Elle a aussi enlevé de 60 000 à 100 000 enfants et déplacé 2,5 millions de personnes depuis 1987. La LRA a mené 212 attaques en 2012 qui ont fait 45 morts, et au cours desquelles 220 personnes ont été enlevées, dont un quart d'enfants.

L'armée ougandaise, appuyée par une centaine de soldats américains des Forces spéciales, mène depuis 2008 une chasse à l'homme pour retrouver Joseph Kony dans le cadre d'une opération de l'Union africaine qui rassemble 3000 hommes. Washington a offert cinq millions de dollars pour sa capture.

Washington incrédule

Des responsables américains ont jugé jeudi que les informations selon lesquelles le chef de guerre ougandais Joseph Kony, recherché pour crimes contre l'humanité, négocierait actuellement sa reddition avec le président de Centrafrique n'étaient pas «crédibles».

«Nous n'avons pas de raison de croire que Joseph Kony fait partie de ces négociations», a indiqué à l'AFP un haut responsable américain