Le ministère malien de la Défense a annoncé que des soldats maliens ont eu vendredi vers Ménaka (nord-est du Mali) un accrochage avec des «bandits armés», identifiés par des sources militaires comme des rebelles touareg, dont trois ont été tués.

Vendredi matin, «une patrouille des forces armées maliennes a été prise à partie par des bandits armés à Egazargane, localité située à 140 km de Ménaka», et «le bilan provisoire» de l'accrochage comprend «trois morts, quatre blessés» du côté des assaillants, et «un blessé» du côté de l'armée, a affirmé le ministère dans un communiqué diffusé vendredi soir.

En outre, «un véhicule, deux motos, des armements, des munitions et du matériel de communication ont été saisis», a précisé le ministère.

De même source, «la patrouille avait pour mission de sécuriser le marché hebdomadaire de ladite localité», où les activités des populations étaient perturbés «depuis un certain temps» par des «bandits».

Cet accrochage avait plus tôt été rapporté à l'AFP par plusieurs sources militaires jointes à Bamako et dans le Nord, selon lesquelles des soldats maliens en patrouille avaient brièvement échangé des tirs avec des hommes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).

Ces sources ne rapportaient cependant pas les mêmes bilans.

Selon une des sources dans le Nord, qui n'a pas souhaité que sa zone d'affectation soit précisée, «le bilan côté MNLA est de trois morts, six prisonniers et un véhicule saisi. Côté armée malienne, il y a eu un blessé».

Un responsable de l'armée joint à Bamako a simplement fait état de «rebelles arrêtés» à l'issue des échanges de tirs, tandis qu'un second responsable militaire a évoqué «un petit accrochage» entre des soldats maliens et «des bandits du MNLA», avec «un blessé côté Fama (Forces armées maliennes) et deux morts de l'autre côté».

Cet accrochage intervient moins d'une semaine après l'enlèvement, suivi du meurtre, de deux journalistes français à Kidal (extrême nord-est), fief du MNLA, qui y dispose toujours d'hommes armés.

Les meurtres ont été revendiqués par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Les enquêteurs maliens et français recherchent activement un Touareg suspecté d'avoir planifié l'opération.

Selon une source sécuritaire malienne proche de l'enquête, cet homme, identifié comme Baye (bien Baye) Ag Bakabo, était le propriétaire du véhicule ayant servi au kidnapping de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes de Radio France Internationale (RFI) qui sortaient d'un entretien avec un responsable du MNLA dans la ville.

Une source militaire africaine à Kidal avait confirmé cette information, précisant que Baye Ag Bakabo s'était «recyclé un moment dans le MNLA» après son engagement avec Aqmi.

Le Mali a connu 18 mois d'une crise politico-militaire, qui avait débuté en janvier 2012 avec une offensive du MNLA contre l'armée malienne dans le Nord.

Durant cette période, qui a vu les rebelles touareg, Aqmi et ses alliés islamistes prendre le contrôle du nord du Mali, puis le perdre à la suite de l'intervention militaire franco-africaine en cours depuis janvier, les revirements d'alliances et les allégeances à géométrie variable sont fréquents dans la communauté touareg, notent des experts.

Ces développements risquent de compliquer la tenue de discussions de paix entre les autorités maliennes, le MNLA et un autre groupe armé touareg ayant ses bases dans le Nord, discussions prévues par un accord intérimaire qu'ils ont signé en juin à Ouagadougou.

Le 4 novembre, le MNLA, l'autre groupe armé signataire de l'accord de Ouagadougou et un mouvement armé arabe ont annoncé dans un communiqué commun leur fusion, en précisant qu'elle sera effective «après approbation de leurs bases respectives dans un délai de 45 jours».