L'Afrique du Sud a fait de nombreux progrès depuis la fin de l'apartheid en 1994, mais elle reste plombée par des inégalités flagrantes, un chômage massif et une productivité très insuffisante, selon une étude de la banque américaine Goldman Sachs publiée lundi.

Parmi les bonnes nouvelles relevées dans son bilan dressé après presque vingt ans de démocratie, Goldman Sachs note que le PIB sud-africain a presque doublé depuis 1994, tandis que l'inflation a été contenue à 6 % en moyenne (contre 14 % sur la période 1980-1994).

Les effectifs de la classe moyenne, désormais multiraciale, ont doublé pour atteindre 10 millions de personnes, le nombre de contribuables a été multiplié par huit et la capitalisation de la Bourse de Johannesburg a été multipliée par huit, tandis que les bénéficiaires de l'aide sociale sont passés de 2,4 à 16,1 millions.

Mais si 14 millions de Sud-Africains ont du travail, quelque 7 millions n'en ont pas, constate Goldman Sachs. Quelque 85 % des Noirs (qui forment 80 % de la population) sont pauvres, alors que 87 % des Blancs (moins de 9 % des Sud-Africains) disposent de revenus moyens ou élevés.

«Le chômage reste le talon d'Achille» de l'Afrique du Sud, insiste Goldman Sachs.

«Il est vital que le gouvernement prenne des mesures pour réduire les inégalités et créer des emplois, surtout chez les jeunes, et défendre les gains de la classe moyenne africaine» (noire), a indiqué lundi l'auteur de l'étude Colin Coleman.

La productivité du secteur privé n'a pas suivi l'inflation des salaires, et la contribution du secteur public à la richesse nationale est passée de 19 % du PIB en 1994 à 15 % aujourd'hui malgré le recrutement de 2 millions de fonctionnaires supplémentaires, note encore la banque d'affaires américaine.

Goldman Sachs appelle de ses voeux à mettre «un accent beaucoup plus net et cohérent sur l'amélioration du climat des investissements».

«Il est urgent de relancer l'investissement dans les secteurs des mines et de l'industrie manufacturière. Il faut pour cela un climat bien meilleur (...) en matière de cadre réglementaire, de productivité et de relations sociales», a souligné Colin Coleman, alors que ces secteurs sont en déclin, le climat social étant délétère.

L'investissement direct étranger, qui a atteint en moyenne 1,9 milliard de dollars par an ces vingt dernières années, aurait besoin d'être trois à cinq fois supérieur pour alimenter une croissance susceptible de créer des emplois, selon lui.