La police kényane détient cinq suspects dans l'attaque islamiste contre le centre commercial Westgate de Nairobi le 21 septembre, dont certains sont «étroitement liés» à l'opération, a annoncé mardi le chef de la police criminelle.

«Certains des suspects que nous détenons (...) sont étroitement liés à l'attaque et avaient des relations fortes avec les assaillants du centre commercial», a expliqué Ndegwa Muhoro, chef du Service d'enquêtes criminelles (CID) de la police kényane.

Ces suspects «ont été arrêtés dans le camp de réfugiés de Kakuma», dans le nord-ouest du Kenya, «c'est là que l'essentiel de la planification (de l'attaque) s'est déroulé», a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse avec le chef de la police kényane et celui de l'armée.

La police souhaite examiner de façon plus approfondie «un échange de SMS qui s'est déroulé le 17 septembre», soit quatre jours avant l'attaque, avant de les déférer devant la justice, a-t-il expliqué sans plus de précision, «il y a différentes questions qui nécessitent une enquête approfondie, on ne peut pas se précipiter devant la Cour».

L'enquête a pour l'heure établi l'existence d'un «appel téléphonique vers la Norvège durant l'attaque» du Westgate, a poursuivi M. Muhoro, sans vouloir donner plus de détails.

Il a par ailleurs indiqué qu'Interpol aidait la police kényane, «notamment dans l'analyse des quatre corps suspectés être ceux des assaillants» et retrouvés dans les débris de l'arrière du bâtiment, qui s'est effondré après un violent incendie déclenché lors des ultimes affrontements entre le commando islamiste et les forces de sécurité, à l'issue d'un siège de plusieurs jours.

L'attaque a fait au moins 67 morts et une vingtaine de disparus.

Lors de cette conférence de presse, le chef de la police kényane David Kimaiyo a indiqué que la police avait à l'époque reçu des «renseignements sur d'imminentes attaques terroristes, mais (...) pas spécifiquement visant Westgate».

Le chef des Forces armées kényanes (KDF), Julius Karangi, a de son côté annoncé que deux soldats accusés de pillages durant le siège du Westgate ont été inculpés et renvoyés de l'armée. Un troisième fait l'objet d'une enquête. Tous trois appartiennent à l'unité d'élite des Rangers de l'armée kényane.

«Les accusations de pillage par des soldats sont très graves et nous avons lancé une enquête exhaustive», a-t-il expliqué, alors que les responsables des forces de sécurité avaient nié jusqu'ici tout pillage par leurs subordonnés au Westgate.

De nombreux commerçants du Westgate se sont plaints d'avoir retrouvé leurs magasins pillés et de la disparition d'objets personnels, ordinateurs ou téléphones portables. Sur des photos et des vidéos, on peut voir une bijouterie et des magasins d'électronique vidés de leur contenu.

Des images prises par les caméras de surveillance, relayées par des médias kényans, ont notamment montré des soldats kényans quittant le supermarché du Westgate avec des sacs plastiques remplis durant le siège.

«Ceux vus portant des sacs plastiques du supermarché transportaient de l'eau, avec l'autorisation du directeur» du magasin, a répété mardi M. Karangi.

Le chef de l'armée a par ailleurs qualifié de «création des médias» les allégations de tensions entre la police et les militaires durant le siège.

«Il n'y avait pas de friction du tout, la police et les KDF ont travaillé ensemble harmonieusement», a-t-il assuré, démentant les articles de presse ayant fait état d'un échange de tirs entre militaires et policiers à l'intérieur du Westgate.