L'armée nigériane a annoncé vendredi avoir tué la veille au moins 95 islamistes présumés dans le Nord Est, le jour-même où des membres présumés de Boko Haram menaient une vaste attaque contre la police dans l'État de Yobe.

Ces nouvelles violences surviennent cinq mois après le début de l'offensive militaire censée mettre fin à l'insurrection islamiste de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria.

L'opération de l'armée, qui a eu lieu jeudi contre deux villages proches de Maiduguri, capitale de Borno et fief historique de Boko Haram, fait suite à une autre intervention, lundi, qui avait fait 37 morts parmi les islamistes, toujours dans l'État de Borno, selon l'armée.

«Des opérations combinant des combats au sol et des attaques aériennes ont mené à la destruction de camps terroristes identifiés, tuant 74 militants présumés», a déclaré Mohammed Dole, porte-parole de l'armée dans cette zone.

Il s'agit du dernier épisode d'une offensive militaire d'envergure lancée en mai dans trois États du nord-est afin de venir à bout de l'insurrection islamiste qui secoue le nord-est du pays depuis quatre ans.

Boko Haram revendique la création d'un État islamique dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman, au contraire du sud, à majorité chrétienne.

L'armée soutient que son offensive dans le nord-est a affaibli la secte islamiste, mais cela n'a pas empêché de nombreuses attaques ces dernières semaines, qui ont tué des centaines de civils, dont de nombreux étudiants.

Cette même journée de jeudi, à Damataru, capitale de l'État de Yobe, des membres présumés de Boko Haram ont mené une vaste attaque coordonnée contre au moins quatre bâtiments de la police, entraînant une riposte des forces de l'ordre, ont déclaré vendredi un responsable de la police.

Ces attaques qui ont débuté jeudi en fin de journée et ont duré jusque tard dans la nuit, ont fait «un nombre indéterminé de victimes», selon le responsable de la police parlant sous couvert d'anonymat.

Le général Ibrahim Attahiru, porte-parole de l'armée, a publié un communiqué vendredi soir dans lequel il lie les deux événements. Selon lui, 70 islamistes présumés ont été tués dans l'État de Borno et d'autres ont fui vers Damaturu où 25 d'entre eux ont été tués par l'armée.

«Des insurgés fuyant le précédent affrontement (...) se sont regroupés pour mener des attaques dans la ville de Damaturu. Notre poste de commandement (...) et d'autres sites autour de Damaturu ont été attaqués et repoussés et 25 insurgés ont été tués», dit le communiqué.

L'armée ne mentionne aucune victime civile lors de l'attaque de Damaturu, ce qui n'a pu être vérifié de source indépendante.

«(Les hommes armés) ont envahi la ville en grand nombre, à bord de véhicules et à pied, venant de plusieurs directions, et ils ont lancé des attaques coordonnées contre les installations de la police avec des armes et des explosifs, et il y a eu des échanges de tirs nourris avec les soldats et les policiers jusque tard dans la nuit», a rapporté le responsable de la police.

«Ils ont réussi à brûler le poste de commandement de la police, le département des enquêtes criminelles, le siège de la police mobile et le commissariat de police de la division C, tous situés à la sortie de la ville», a-t-il précisé.

Les assaillants ont commencé par attaquer un checkpoint militaire situé en dehors de la ville, mais ont été repoussés par les soldats, alors ils ont attaqué la police à Damaturu, a relaté la même source.

«Nous n'avons pas dormi la nuit dernière à cause de la peur et à cause du bruit des coups de feu et des explosions partout dans la ville, qu'on aurait dit assiégée par les hommes armés de Boko Haram», a relaté un habitant, Haruna Sadi.

«Les gens sont encore chez eux à cause d'un couvre-feu de 24 heures annoncé par l'armée à la radio, qui a demandé à tout le monde de rester à la maison pendant qu'elle mène des opérations contre les hommes armés» a-t-il ajouté.

Les attaques de Boko Haram et leur répression sanglante ont fait au moins 3600 morts depuis 2009 selon l'ONG Human Rights Watch.

Mais ce bilan a sans doute déjà augmenté depuis la dernière estimation de l'ONG, au vu des nombreuses attaques de ces dernières semaines.

Le président Goodluck Jonathan a demandé aux dirigeants de l'armée, le mois dernier, de redoubler d'efforts dans leur lutte contre les islamistes.