La présidente du Malawi, Joyce Banda, a limogé jeudi les 25 membres de son gouvernement, après la révélation d'une affaire de malversation éclaboussant des fonctionnaires au sommet de l'État.

Les affaires ministérielles seront gérées par la présidente en attentant la nomination d'un nouveau gouvernement «en temps voulu», a indiqué la présidence dans un communiqué.

Les services du Trésor et de la présidence ont été secoués cette année par une série de scandales financiers portant sur des millions d'euros.

«À l'évidence, les limogeages sont liés à la crise en cours au Trésor», a déclaré à l'AFP une source des services de Mme Banda.

Mme Banda, qui a accédé au pouvoir l'année dernière après le brusque décès de son prédécesseur Bingu wa Mutharika, était soumise à des pressions croissantes pour qu'elle limoge le ministre des Finances et d'autres hauts responsables du gouvernement.

L'Union européenne a menacé jeudi de couper l'aide au Malawi et a demandé au gouvernement de ce pays d'Afrique australe de réaliser un audit indépendant sur les malversations au sommet de l'État.

«On a besoin que le ménage soit fait (...)», a indiqué dans un communiqué Alexander Baum, chef de la mission européenne au Malawi. «L'Union européenne paiera les 29 millions d'euros (40,7 millions de dollars) promis en soutien au budget en fonction de la façon dont le gouvernement gère la crise».

Dans le cadre de l'un des plus gros scandales de l'histoire du Malawi, un fonctionnaire a notamment détourné un milliard de kwacha (2,8 millions de dollars) reversé sur une société fantôme, selon le Bureau anti-corruption, et un jeune employé, gagnant un salaire mensuel de 100 dollars, a été retrouvé en possession de 25 000 dollars en liquide lors d'une perquisition de la police à son domicile.

Dix fonctionnaires des services de la présidence et du Trésor viennent d'être arrêtés pour malversations.

En septembre, neuf hauts responsables de la police ont été condamnés chacun à 14 ans de prison pour avoir détourné plus de 168 000 dollars des caisses de la police.

Jeudi, environ 300 personnes ont manifesté dans la capitale, Lilongwe, pour appeler à la démission du ministre des Finances et du comptable général, à l'appel d'une association de consommateurs en colère, Consumers Association of Malawi.

«Nous demandons un audit indépendant sur le pillage et la démission du ministre des Finances, du comptable général et de plusieurs hauts responsables des ministères concernés», a déclaré à l'AFP un militant des droits de l'Homme, Billy Mayaya.

La justice au Malawi estime qu'environ un tiers du budget national est gaspillé en raison de fraudes diverses et variées. Le mois dernier, un haut fonctionnaire en charge de la lutte contre la corruption a manqué de se faire assassiner et a été grièvement blessé par des inconnus armés.

L'UE doit verser en décembre son aide au Malawi, dont 40% du budget est financé par des donateurs étrangers.

Depuis son entrée en fonctions, Mme Banda a lancé une série de changements politiques dans l'espoir de relancer l'économie et de renouer les liens avec les donateurs.

Son gouvernement s'est engagé à procéder à un audit pour déterminer le montant des fraudes et de la corruption dans le secteur public.

Mais l'UE propose que des auditeurs indépendants s'acquittent de cette tâche car elle ne fait plus confiance aux services de l'État malawite. «Ce pillage massif a eu lieu sous le nez du service de comptabilité générale sans que les malversations ne soient décelées ni découvertes», a souligné Alexander Baum.