Les États-Unis ont annoncé jeudi qu'ils avaient pris des sanctions contre le Rwanda pour des cas de recrutement d'enfants-soldats liés à la rébellion du M23 en République démocratique du Congo que Kigali est accusé de soutenir.

Conformément à une loi américaine de 2008 sur la Protection des enfants soldats, «des pays, parmi lesquels le Rwanda, font l'objet de sanctions», a indiqué lors d'un point de presse sur internet la nouvelle secrétaire d'État adjointe pour l'Afrique, Linda Thomas-Greenfield.

Un responsable du département d'État a précisé que ces mesures à l'encontre du Rwanda consistaient à «mettre fin à toute l'assistance en termes de formation et d'entraînement militaire pour l'année budgétaire 2014», laquelle a en principe commencé le 1er octobre, malgré la paralysie de l'État fédéral.

D'après Mme Thomas-Greenfield, la décision de punir Kigali «est liée au M23 et nous continuerons d'en discuter avec le gouvernement rwandais».

La porte-parole adjointe du ministère, Marie Harf, a ajouté lors de son point de presse que le Rwanda était sanctionné pour son «soutien à un groupe rebelle qui continue d'enrôler et de kidnapper de manière active des enfants et qui menace la paix et la stabilité de l'est de la RDC».

La rébellion Mouvement du 23 mars (M23) est en effet présente dans l'est de la RDC. Le M23 est essentiellement composé d'ex-rebelles tutsis congolais qui avaient été intégrés à l'armée de RDC en 2009 à la signature d'un accord de paix. Ils se sont mutinés en avril 2012, estimant que les termes de l'accord n'avaient jamais été pleinement respectés. L'ONU accuse régulièrement le Rwanda et l'Ouganda de soutenir le M23, ce que les deux pays ont toujours démenti.

Des négociations de paix se tiennent depuis des mois à Kampala.

Après voir longtemps était l'allié du régime du président rwandais Paul Kagame, Washington a haussé le ton depuis juillet 2012 en gelant une enveloppe de 200 000 dollars de formation militaire et en exhortant Kigali à cesser de soutenir les rebelles du M23.

Pour imposer ses sanctions au 1er octobre, Washington a en fait eu recours à une procédure juridique complexe permettant au président Barack Obama d'exempter certains pays du régime de mesures vexatoires prévu par la loi de 2008 sur les enfants soldats.

Le chef de l'exécutif américain a donc décidé de ne pas exempter le Rwanda, tout comme la République centrafricaine, le Soudan, la Syrie et la Birmanie. En revanche, le Tchad, le Soudan du Sud, le Yémen, la RDC et la Somalie ont bénéficié d'exemptions, selon le département d'État.