Les premiers résultats des élections législatives du 28 septembre étaient attendus lundi en Guinée, sur fond de vives tensions entre partisans du président Alpha Condé et militants de l'opposition.

Des procès-verbaux des bureaux de vote «sont déjà arrivés» à la Commission électorale (CÉNI), où les résultats sont toujours en cours de «centralisation» en vue de leur publication officielle, a déclaré à l'AFP une source au sein de la commission.

«Tous les procès-verbaux (PV) seront reçus aujourd'hui (lundi) à Conakry. (...) Il reste ceux des zones éloignées comme celles de la Guinée forestière (sud)», selon une autre source à la CÉNI.

Aucune date précise n'a été donnée pour la publication par la commission des résultats, qui devront être confirmés par la suite par la Cour suprême.

«Le décompte se fait avec un système manuel. C'est un travail qui prend du temps, en particulier dans les endroits où il y a beaucoup d'électeurs comme les cinq communes de Conakry», a expliqué à l'AFP Vincent Foucher, analyste pour International Crisis Group (ICG).

Dimanche en fin de journée, certains centres en étaient à «30 % des PV dépouillés, parfois moins. Si ça continue comme ça, on peut penser qu'il faudra du temps pour avoir des résultats un peu solides», a jugé M. Foucher.

Plus de cinq millions de Guinéens, dans le pays et à l'étranger, étaient appelés à voter dimanche pour ces législatives qui se sont déroulées sans incident majeur. 114 sièges de députés étaient à pourvoir.

La Mission des observateurs de l'Union européenne (UE) a estimé lundi que les Guinéens «ont exprimé dans le calme leur volonté de mettre fin à la transition», malgré d'«importantes carences organisationnelles».

La France a salué la forte mobilisation des électeurs guinéens, et a exhorté la classe politique «à maintenir l'esprit démocratique et de responsabilité qui a prévalu pendant le scrutin», a déclaré lundi à Paris le porte-parole de son ministère de la Défense, Philippe Lalliot.

Dans un communiqué, l'ambassade des États-Unis en Guinée a de son côté félicité les Guinéens «pour l'engagement, le calme et la dignité» lors du scrutin et invité la classe politique à faire de même «durant tout le processus de proclamation et de certification des résultats».

Trois jours après les élections législatives, Conakry était encore sous haute surveillance des forces de sécurité.

Des éléments de la Force spéciale pour la sécurisation des élections (FOSSEL), comptant plus de 15 000 hommes, étaient toujours déployés devant les centres de décompte des voix, sur les grandes artères et principaux carrefours de la capitale.

Des heurts entre militants du pouvoir et de l'opposition avaient cependant marqué la fin de la campagne électorale, faisant au moins un mort et plus de 70 blessés selon un bilan officiel.

Ces incidents ont fait craindre de nouvelles violences dans l'attente de la publication des résultats, dans un pays où les divisions politiques recoupent souvent les dissensions ethniques.

La coalition présidentielle, formée autour du RPG du chef de l'État Alpha Condé, est majoritairement malinkée. L'opposition rassemble essentiellement des Peuls, derrière l'ex-premier ministre Cellou Dalein Diallo.

Après le scrutin, «on est dans la deuxième phase qui n'est pas moins sensible», observe M. Foucher, une étape qui s'annonce «assez compliquée».

«On est dans un moment où, compte tenu des problèmes d'organisation (du scrutin), malgré les efforts de la commission électorale pour les corriger, il y a une série de controverses qui monte», s'inquiète l'analyste, ceci d'autant que les deux camps affirment leur certitude d'avoir remporté le scrutin.

Des premiers résultats officieux ont été publiés par la presse locale, par des radios privées notamment, suscitant des rassemblements successifs dimanche de militants du parti au pouvoir et de l'opposition devant la CÉNI. Ces manifestations se sont dispersées sans heurts.

La Commission est la seule habilitée à publier des résultats, a souligné à ce propos El Hadji Ibrahima Sory Diabaté, conseiller politique à la CÉNI.