La communauté des expatriés au Kenya est ébranlée par l'attaque terroriste survenue samedi dans un centre commercial de Nairobi. Les élections de mars dernier faisaient craindre des violences, mais la paix avait eu le dessus. Plusieurs expatriés, dont le Québécois Pierre Lacerte, étaient alors très optimistes pour l'avenir du pays.

«On ne s'attendait pas à un tel événement. Au départ, on pensait que c'était un vol à main armée, mais depuis qu'on réalise que c'est une attaque terroriste, on commence à s'inquiéter, a expliqué à La Presse M. Lacerte, qui travaille pour la Croix-Rouge canadienne au Kenya. Les expatriés se demandent si c'est un événement isolé où s'il y en aura d'autres.»

Le Québécois s'estime aujourd'hui chanceux d'être en vie. Comme de nombreux expatriés et touristes, il fréquente régulièrement le luxueux centre commercial Westgate Mall.

«J'ai été chanceux, car samedi, j'ai décidé cette fois d'aller à un autre centre d'achats à trois kilomètres de là, a-t-il affirmé. Je crois que l'on sera surpris d'apprendre le nombre d'étrangers qu'il y aura parmi les victimes.»

Hier matin, M. Lacerte a observé un semblant de retour à la normale dans les rues de la capitale. «J'ai été assez surpris. La circulation est fluide et les gens sont sur les trottoirs, mais ils sont branchés sur la télévision pour savoir ce qu'il va se passer avec les otages.»

Consignes de sécurité à revoir

Pour l'instant, les consignes de la Croix-Rouge sont d'éviter le quartier du centre commercial ainsi que les endroits publics où il y a des rassemblements. Plusieurs activités du dimanche telles que les marchés publics ont été annulées.

M. Lacerte et ses collègues se réuniront aujourd'hui pour revoir les consignes de sécurité. L'organisme ne compte pas quitter le pays, mais restera désormais en état d'alerte.

«L'image du Kenya va changer avec cet événement, croit M. Lacerte. J'ai travaillé au Niger et au Rwanda après le génocide. J'avais décidé de venir au Kenya pour ses bonnes conditions de vie... C'est un pays en avance sur les autres dans la région pour son économie et assez stable sur le plan politique.»

Si en 2007 les élections avaient entraîné une vague de violence qui avait fait près de 1000 morts, le scrutin tendu, mais pacifique de mars dernier laissait entrevoir un avenir prometteur pour le pays.

«Le climat était calme. Le Kenya devenait vraiment un pays où on disait que c'était un bon exemple de démocratie. On se disait que le pays était dans la bonne direction», a-t-il dit.

Des amis devaient lui rendre visite à Noël, mais dans les circonstances, il croit qu'il est plus sage d'attendre. «C'est dommage, c'est un pays superbe pour le tourisme.»