Le président tchadien Idriss Deby Itno a mis en garde jeudi à Bamako sur la persistance de la menace jihadiste en Afrique, et plaidé pour une action en Centrafrique, qui risque, selon lui, de devenir «un sanctuaire de terroristes».

Les groupes jihadistes qui avaient occupé plusieurs mois en 2012 le nord du Mali ont été chassés grâce à une intervention militaire franco-africaine lancée en janvier, avec l'aide notamment du Tchad, «mais il ne faut pas croire que c'est terminé», a déclaré M. Deby Itno lors d'une conférence de presse après les célébrations marquant le début du mandat du nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keïta.

«Ce n'est pas terminé. Ailleurs, il y a un autre foyer au coeur de l'Afrique. Et si nous ne faisons pas attention, demain, ça peut être aussi un sanctuaire de terroristes : (...) la RCA, la République centrafricaine», a-t-il dit.

Depuis 1994, en dépit des efforts des pays d'Afrique centrale, «on n'a jamais pu résoudre la crise en République centrafricaine», a-t-il ajouté.

La Centrafrique est en proie au chaos depuis la chute, en mars, du président François Bozizé, renversé par une coalition rebelle, Séléka, dont le chef, Michel Djotodia, s'est autoproclamé président. Mais le nouveau pouvoir à Bangui peine à restaurer l'ordre dans le pays qui s'enfonce dans la violence entre groupes armés, alors que les combattants de Séléka sont accusés d'exactions à répétition contre la population.

Selon Idriss Deby Itno, en marge des festivités de jeudi à Bamako, le président français François Hollande a «discuté de la République centrafricaine» avec ses homologues d'Afrique centrale présents.

M. Deby Itno a exhorté à ce que «les efforts de la CEEAC», la Communauté des États d'Afrique centrale, soient accompagnés «par tous les amis de la Centrafrique et les Nations unies».

«Nous espérons que la France va nous soutenir sur le plan financier, logistique (...) en attendant qu'on ait d'autres possibilités de financement», a-t-il ajouté.

Idriss Deby Itno a aussi appelé à être vigilant face à la menace terroriste existant ailleurs en Afrique, impliquant des combattants mobiles à travers le monde.

«On oublie certains pays qui (...) fabriquent des terroristes. (...) De la Syrie jusqu'à la Libye, les gens se déplacent», a-t-il dit, en plaidant pour «une interaction entre tous les pays situés au nord du Sahara et au sud du Sahara», une douzaine d'États au total selon lui, «pour une bonne gestion des crises dans la sous-région».