La Cour pénale internationale a lancé mercredi une mise en garde contre ceux qui révéleraient le nom de témoins protégés, après la publication par certains médias de l'identité présumée du premier témoin dans le procès du vice-président kényan William Ruto.

«Toute révélation de l'identité d'un témoin dont l'identité a été protégée par cette Cour est une offense à la CPI», a déclaré le juge Chile Eboe-Osuji au cours d'une audience publique à La Haye. «De telles conduites feront l'objet d'enquêtes et les coupables seront poursuivis».

«La chambre rappelle à toute personne dans cette salle d'audience, dans la galerie du public, au Kenya et partout dans le monde de ne rien faire qui pourrait révéler l'identité d'un témoin protégé», a poursuivi le juge.

«Les membres de la presse, les blogueurs, les personnes actives sur les médias sociaux et leurs hébergeurs internet» sont particulièrement visés par cette mise en garde, a souligné le juge.

L'avertissement du juge Chile Eboe-Osuji intervient après la publication de l'identité présumée du premier témoin du procès par des médias et blogueurs kényans.

L'identité du témoin, une femme, n'avait pas été dévoilée par la CPI. Cachée à la vue de la galerie du public par des rideaux, elle avait été identifiée en tant que «témoin P0536». Dans la retransmission vidéo de l'audience, son visage était flouté et sa voix modifiée.

Mais quelques heures après son témoignage sur un massacre dans une église au Kenya, mardi, retransmis en direct sur les télévisions kényanes, des Kényans se sont mis à spéculer sur son identité sur Twitter et sur des blogues.

Mercredi, de nombreux messages sur les réseaux sociaux donnaient son nom présumé, la traitant parfois de «menteuse». Un blogue et le site internet d'un tabloïd kényan ont même publié sa photo.

Le procès de M. Ruto et celui du président kényan Uhuru Kenyatta, qui doit s'ouvrir le 12 novembre devant la CPI, ont été marqués par de nombreuses accusations portant sur des tentatives d'influencer des témoins. Nairobi insiste de son côté sur sa volonté de coopérer avec la CPI.

M. Ruto et son coaccusé Joshua Arap Sang sont poursuivis pour crimes contre l'humanité pour leur rôle dans les violences politico-ethniques de fin 2007 et début 2008, qui avaient fait plus de 1000 morts et des centaines de milliers de déplacés.