L'ONU souhaite que le président soudanais Omar al-Béchir coopère avec la Cour pénale internationale (CPI) mais laisse le soin aux États-Unis de décider de lui accorder ou non un visa pour l'Assemblée générale de l'ONU.

Le Soudan a indiqué mardi avoir demandé aux États-Unis d'accorder à Omar el-Béchir, sous le coup de mandats d'arrêt de la CPI, un visa d'entrée sur le territoire américain pour participer à l'Assemblée générale fin septembre à New York.

«C'est en tout premier lieu aux États-Unis de décider» sur la question du visa «en conformité avec les régles internationales pertinentes», a déclaré le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky.

«Le président Béchir fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI et donc le secrétaire général (de l'ONU, Ban Ki-moon) l'invite instamment à coopérer pleinement avec la Cour», a-t-il ajouté.

M. Béchir fait l'objet de mandats d'arrêt datant de 2009 et 2010 de la CPI pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide dans le conflit du Darfour, une vaste région de l'ouest du Soudan.

Selon le gouvernement soudanais, il souhaite «se rendre au siège des Nations unies et non pas dans l'État abritant ce siège» et «le gouvernement des États-Unis est obligé conformément aux conventions» de l'ONU «d'accorder les visas nécessaires à tous les représentants des États membres».

Un accord datant de 1947 entre l'ONU et les États-Unis, «pays hôte» de l'organisation internationale, précise que les autorités américaines «ne devront pas imposer d'obstacles» aux représentants des pays membres qui souhaitent se rendre au siège de l'ONU à New York, territoire extra-national.

Le département d'État a dit lundi avoir reçu une demande de visa et a «condamné les tentatives du président Béchir pour aller à New York» en raison des accusations qui pèsent sur lui. Mais la porte-parole du département d'État, Marie Harf n'a pas dit si les États-Unis rejetteraient la demande et encore moins si le chef d'État pourrait être arrêté en mettant le pied sur le territoire américain.

Les États-Unis n'ont pas adhéré au Statut de Rome qui a créée la CPI mais se sont engagés à soutenir son action.

«Une telle visite (du président Bechir) serait regrettable, cynique et tout à fait déplacée», a commenté lundi l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU Samantha Power. «Il devrait plutôt aller à la Haye pour se livrer à la CPI».