Affolées par le nombre croissant d'enfants abandonnés à Casablanca, les associations Solidarité féminine et Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (INSAF) se sont donné pour mission de renverser la tendance et de redonner un peu d'espoir et d'autonomie aux mères célibataires.

Au dernier étage du foyer d'INSAF, une dizaine de femmes dans la jeune vingtaine se détendent dans le salon commun de l'association. Le ventre arrondi pour la plupart, leur passage dans l'établissement leur permet de souffler un peu et de retrouver l'espace d'un instant un semblant de cocon familial où elles peuvent partager leur chambre, leurs repas et leurs soucis.

Les cris des bébés de quelques semaines résonnent dans la cage d'escalier du premier étage pendant que certaines mamans sont en formation. En entrant dans la pouponnière, on remarque tout de suite les 25 casiers numérotés fixés au mur, accueillant les effets personnels des petits pensionnaires. Une bien moindre capacité par rapport à la demande si on considère que l'ensemble des associations au Maroc ne répond qu'à 4% des besoins.

«On reçoit des jeunes femmes qui sont dans leur troisième trimestre de grossesse ou qui viennent d'accoucher», explique Sarra Trifi, responsable Pôlemère-enfant de INSAF. «L'idée est d'aider la mère à retrouver son autonomie pour être responsable et défendre et protéger ses droits et ceux de son enfant. De là est venue la création de formations plus poussées pendant trois mois, de couture, coiffure, puériculture et cuisine, ce qui va leur permettre d'apprendre un métier et de garder leur enfant», ajoute-t-elle.

En plus d'offrir un suivi médical pour la mère et son enfant, INSAF s'occupe aussi de les aider dans leurs démarches admiratives ou même judiciaires. L'association tente également de faire reconnaître l'enfant par le père biologique. Puis, après six mois, les jeunes mères devront trouver un logement et un emploi ou retrouver leur famille si cela leur est possible, toujours avec le soutien d'INSAF.

Gagner sa vie

C'est à ce moment que Solidarité féminine entre en jeu. L'association poursuit l'accompagnement pendant trois ans, multipliant les possibilités de revenus. «Pendant tout ce temps, les enfants sont à la crèche de l'association pendant la journée alors que la maman est en formation/production. On a un restaurant/pâtisserie, un hammam et un salon de coiffure. Ces établissements permettent à la société d'entrer en contact avec ces jeunes mères: ce ne sont pas des ogresses, ce sont des accidentées de la vie qu'il faut aider à se réparer. On ne fait pas d'assistanat. Ici, tu gagnes ta vie», précise Aïcha Chenna.

Si les médias marocains permettent de donner une voix aux associations venant en aide aux mères célibataires et que de nombreux généreux donateurs contribuent à la cause, le contexte politique actuel au Maroc ne permet aucun changement majeur en la matière, étant donné que le gouvernement est majoritairement dirigé par le PJD, un parti islamiste.

Certains considèrent encore que Mme Chenna, condamnée par les prêcheurs des mosquées marocaines en 2000, encourage la prostitution avec son association.